Le groupe Scopelec vit sous la menace du non-renouvellement par Orange d’un marché d’exploitation et de maintenance des réseaux télécom à hauteur de 150 millions d’euros annuels. Dans un communiqué publié le 10 décembre, l’opérateur historique avait indiqué qu’après plusieurs avertissements, l’équipementier avait perdu certains contrats en raison de « manquements ». Pour le principal sous-traitant d’Orange cette perte de contrats pourrait mettre en péril 1 900 emplois dans tout le pays, dont environ 500 en Occitanie. La plus grande Scop (Société coopérative et participative) de France rassemble aujourd’hui 3 800 salariés associés majoritaires. Elle existe depuis un demi-siècle et est basée à Sorèze, dans le Tarn. Selon le syndicat Force Ouvrière, cette décision soudaine apparaît incompréhensible et injustifiable. « Personne chez Scopelec ne s’attendait à cela », nous a confié Géraldine Nivon, secrétaire fédérale en charge des secteurs mécanique, construction métallique et optique pour le syndicat Force Ouvrière.
« Voilà près de 50 ans que cette société coopérative et participative travaille avec succès au déploiement d’infrastructures de télécommunications sur l’ensemble du territoire national », expose-t-elle. Pour l’organisation syndicale, aujourd’hui, le choix d’Orange ne met pas seulement en péril les 1 910 emplois directement impliqués dans ce contrat à travers toute la France. Outre le terrible impact social, il compromet également l’installation de la fibre optique sur l’ensemble du territoire et promet une dégradation inéluctable du réseau. A terme, c’est l’ensemble de l’entreprise et ses 3 800 collaborateurs qui risquent de ne pas se relever.
Un acte qui va à l'encontre du modèle RSE d'Orange
Face à ce triste constat, la Fédération FO de la métallurgie et ses représentants en Midi-Pyrénées demandent à Orange de s’engager sur le renouvellement du contrat d’exploitation afin de maintenir l’emploi en France et d’assurer la continuité des nécessaires opérations de déploiement. Elle assure également de son soutien les équipes syndicales sur le terrain et l’ensemble des salariés de la Scop, tous engagés pour sauver leur coopérative et leurs emplois. A ses côtés, la Confédération générale des Scop, réseau d’accompagnement des sociétés coopératives en France, s’indigne également de la volonté de rupture de contrat du groupe Orange vis-à-vis de son partenaire historique. Dans un communiqué, elle ne peut que « déplorer le paradoxe d’Orange qui prive son sous-traitant majeur de contrats vitaux alors même qu’il affiche une forte ambition en matière de RSE, y compris à l’égard de ses fournisseurs ».
De ce fait, l’instance alerte l’Etat, les parlementaires et les élus locaux de la catastrophe sociale à venir, sur l’ensemble du territoire français, et principalement en milieu rural. « Précariser socialement et économiquement la filière n’est pas compatible avec l’enjeu pour la France d’étendre l’infrastructure numérique du pays », prévient la confédération. « Orange et plus largement toute la filière télécom doivent s’engager pour un numérique responsable, c’est essentiel pour les territoires et leurs habitants ». En apprenant la nouvelle, les salariés associés de Scopelec des sites d’Occitanie, dans le Tarn, le Lot ou en Aveyron se sont mis en grève, le 14 janvier dernier. Ils ont exprimé leurs craintes et demandé des explications à l’opérateur dans une publication relayée sur Twitter.