On savait déjà – depuis les affaires BMW et Fiat Chrysler – que les automobiles connectées étaient devenues une cible de choix pour les cyberhackers, mais les voitures autonomes seraient également vulnérables à des attaques beaucoup plus pernicieuses. Selon le site Spectrum IEEE, Jonathan Petit, un chercheur en sécurité de Security Innovation, a en effet indiqué qu’il était très facile de tromper les systèmes Lidar (light detection and ranging), la télémétrie par laser utilisée sur les véhicules autonomes, en envoyant de faux « échos » simulant des obstacles : piétons, cycliste ou même voiture ou camion.
Ce boitier Lidar compact proposé par Velodyne pourrait équiper des voitures autonomes.
Ainsi trompés, les véhicules pilent subitement ou tentent d’éviter un obstacle virtuel. Les impulsions laser parasites de faible puissance peuvent être envoyées depuis un simple dispositif assez basique reposant sur un kit Raspberry Piou ou Arduino. Lors de ses essais, M. Petit a réussi à tromper le système Lidar à une centaine de mètre en multipliant et déplaçant des objets virtuels. Face à une vraie voiture autonome, les réactions auraient été problématiques, avec des embardées ou des freinages d’urgence.
Pour circuler, les voitures autonomes dressent une cartographie des obstacles mobiles et fixes à l'aide de plusieurs capteurs, dont le système Lidar, développé à l'origine par la Darpa pour un usage militaire.
Il n'y a toutefois aucune garantie que ce problème devienne majeur quand les voitures autonomes seront monnaie courante. Cette technique ne fonctionne que lorsque les impulsions de Lidar ne sont pas cryptées. C’est le cas aujourd’hui pour de nombreux capteurs utilisés sur les véhicules semi-autonomes pour la conduite dans les embouteillages (moins de 50 km/h) ou sur l’autoroute. Quand les voitures vraiment autonomes seront lancées sur le marché pour assurer des services de VTC, les systèmes (GPS, Lidar, capteurs sans fil…) seront peut-être verrouillés pour limiter les interférences. Mais avant de voir ces véhicules sur nos routes, les constructeurs et les équipementiers automobiles ont encore beaucoup de travail devant eux pour sécuriser leurs systèmes de conduite autonome.