« Le défi que nous voulons relever est de faire de la France le leader mondial de la technologie sans contact. » Signée Christian Estrosi, ministre de l'industrie lors d'une conférence sur l'évolution du sans contact en France, cette citation montre l'ambition gouvernementale au sujet de la technologie NFC (Near Field Communication) et du sans contact en général. Un message similaire avait déjà été passé par Luc Chatel, il y a un an, alors au même poste.
Le voeu du ministre risque de ne pas aller bien loin. Force est de constater que depuis cinq ans toutes les expérimentations butent au final sur la question de la répartition des revenus entre les opérateurs télécoms et les banques, et du modèle économique au sens plus large. Une source proche d'un opérateur notait récemment que le niveau élevé d'endettement des opérateurs mobiles français auprès des banques ne favorise pas la négociation. Faudra-t-il en arriver à la solution japonaise portée par l'opérateur NTT Docomo qui possède un écosystème propriétaire avec son propre système de crédit ? D'autres options sont aussi à trouver du côté de la grande distribution.
Tour de France des projets
Quoiqu'il en soit, la conférence du 6 juillet n'aura pas abordé cette question épineuse. Elle a commencé en faisant le point sur trois projets pilotes emblématiques du NFC en France, à savoir Caen, Bordeaux et Nice (Strasbourg ou Besançon n'étaient pas présentes). Le projet Caennais a démarré en 2005. Elle est la première ville au monde à avoir réalisé des paiements par mobile au travers de cas d'usage comme de la billettique sans contact installée dans les parkings Vinci dès 2005.
Le développement s'est poursuivi dans la ville normande avec la mise en place du projet Pégasus/Payez mobile en associant 6 grandes banques et 4 opérateurs de téléphonie mobile. Une mobilisation dont l'intérêt a été souligné par Josette Travert, Maire adjointe de Caen et présidente de l'université de Caen : « le fait d'avoir plusieurs banques et opérateurs nous a permis d'avoir une expérience à grande échelle qui n'est pas limitée à 1 ou 2 acteurs. »
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Cette expérience de paiement mobile a eu des résultats positifs puisque 94% des utilisateurs souhaitaient une généralisation du procédé. La dernière phase d'expérimentations déployée actuellement sur la ville est un projet international réunissant 25 partenaires et se nommant Smart Urban Spaces. Ce dernier  vise à tester l'interopérabilité d'une carte de vie citoyenne basée sur le mobile. Elle est distribuée auprès de 2500 utilisateurs et 160 commerces du centre-ville de Caen et a pour cadre d'usage le paiement, la billettique, les programmes de fidélisation et la gestion des événements.
Autre projet présenté : celui de Bordeaux. La diffusion du sans contact y est orientée sur 4 axes majeurs de la politique municipale : l'éducation, la participation, l'internet pour tous et les services. Une carte ville à été lancée autour de ces orientations permettant l'accès à certaines infrastructures municipales. En 2007 cette carte a été simplifiée et a muté en carte sans contact multimodale. Aujourd'hui 35 000 bordelais possèdent une telle carte.
L'objectif de la municipalité est de dématérialiser cette carte sur d'autres supports comme le mobile ou sur une clé USB. Cette évolution va être installée en partenariat avec Applicam, Neowave, Orange Business Services et BNP Paribas.
Enfin, l'expérimentation la plus récente concerne la ville de Nice. Celle-ci a déployé un projet NFC. Nommé Cityzi, il repose sur des téléphones mobiles NFC (le Player One de Samsung, un des rares téléphones commercialisés embarquant du NFC) ou sur une carte bancaire sans contact. Il offre de services large avec des offres de billettique pour les transports, des informations culturelles, des infos contextuelles dans la ville et surtout depuis peu, le paiement. Environ 500 commerçants sont équipés de terminaux sans contact. 11 banques et les 3 opérateurs mobiles dominants sont partenaires.
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Florence Barale, élue en charge du développement du NFC sur la ville de Nice, insiste sur la nécessité d'une « implication forte des collectivités territoriales pour permettre une implantation efficace ».
Intermodalité et nouveaux projets
Lors de la conférence, Pierre Hérisson, député de la Haute-Savoie et président du groupe d'étude poste et communications électroniques a également tenu à rappeler qu'il restait « encore des marges d'amélioration au sujet de l'acceptation du sans contact par tous les publics et notamment les plus âgés ». Roland Ries, sénateur-maire de Strasbourg et président du groupement des autorités responsables du transport (GART), a quant à lui mis en avant la nécessité de mettre en oeuvre l'intermodalité entre moyens de transports : « l'intermodalité permet de mieux organiser l'offre et d'optimiser les déplacements sur notre territoire ». Cette prise en compte va permettre, selon lui : « un essor mondial du sans contact ».
En conclusion, Christian Estrosi, ministre l'industrie, a fait l'annonce des 12 lauréats de l'appel à projet « objets communicants et sans contact » qui se partageront une enveloppe de 4,5 millions d'euros sur un effort global en recherche et développement de 12,5 millions d'euros. Ces projets touchent des secteurs comme le commerce, le tourisme ou encore la santé. Pour pousser les territoires à l'innovation et à l'appropriation de nouvelles technologies, le ministre à  également confirmé la labellisation dès 2010 de 3 à 5 territoires « leaders du sans contact ». Bref, on continue d'avancer à petits pas sans progresser réellement tant que la répartition des revenus entre les banques et les opérateurs n'aura pas été clarifiée.
La technologie sans contact entre réflexion et perspective
Le  ministre de l'industrie entend encourager un des secteurs où la France a une carte à jouer : le sans contact. Le 6 juillet a été l'occasion de faire le point sur les 3 projets pilotes mis en oeuvre par des collectivités.  D'autres projets doivent démarrer prochainement.