Après les sorties de l'iPhone 11 et de sa déclinaison Pro l'an dernier, Apple semblait poursuivre sa feuille de route pour son prochain smartphone. Mais les conséquences du coronavirus sur la chaîne d'approvisionnement et sur l'appétit des consommateurs pour l'électronique de luxe pourraient fortement perturber la livraison de la prochaine série de produits du constructeur californien. En clair, à ce stade, Apple n'a pas encore officiellement annoncé de date de présentation ou de lancement du prochain iPhone. Ce n'est pas inhabituel à cette période de l'année. Sauf que cette fois, le contexte dans lequel intervient ce silence est un peu différent.
En février dernier, l'épidémie de coronavirus a obligé la Chine à fermer des usines. Or, ces fermetures, essentielles pour limiter la propagation du virus, auront un impact considérable sur presque tous les fabricants d'électronique grand public. Et si des produits comme l'iPhone ne sont pas entièrement fabriqués en Chine, les composants essentiels à leur fabrication, le sont. Tant que l'approvisionnement de ces composants sera impossible ou limité, l'ensemble du processus d'assemblage sera retardé. On ne peut pas construire une maison sans clous. De plus, le volume de production que peut assurer la Chine est indispensable pour des entreprises comme Apple.
La conséquence des arrêts de production en Chine
Le lancement d'un produit phare comme l'iPhone 11 ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut beaucoup de préparation les mois qui précèdent pour qu'Apple puisse tenir le court délai de deux semaines entre l'annonce et la commercialisation du produit sans risquer de rupture de stock. D’ordinaire, la machine de lancement d’Apple est bien huilée. Mais cette fois-ci, c'est loin d’être le cas. Même si l’entreprise a finalisé le plan de sortie de son prochain iPhone, la route vers ses marchés traditionnels est remplie d’obstacles.
En Chine, beaucoup d’usines resteront fermées jusqu'en avril et celles qui ont rouvert se remettent encore des effets de la pandémie. Selon le New York Times, beaucoup de ces usines chinoises ne fonctionnent qu'à 50-60% d'efficacité. Il faudra encore longtemps avant que la chaîne d'approvisionnement sur laquelle repose Apple ne retrouve ses niveaux d'efficacité et de productivité antérieurs. De plus, il est difficile d'imaginer qu'Apple ne répercutera pas ces coûts de production supplémentaires sur les consommateurs.
Selon David McQueen, directeur de la recherche sur les terminaux 5G chez ABI Research, « la situation de la Chine aura des répercussions dans le monde entier ». Selon lui, cela ne concerne pas uniquement le développement des produits de dernière génération et le ralentissement de la demande de mobiles 5G : « Le marché sera également confronté à de nombreuses perturbations et retards, notamment le lancement des premiers iPhones 5G d'Apple, initialement prévu en septembre 2020 », a-t-il affirmé. « Les ventes des premiers smartphones 5G commençaient tout juste à décoller et à représenter des parts de marché significatives. L'épidémie va entraver cette croissance à court terme et favoriser le développement et la mise sur le marché de mobiles 5G plus abordables », a-t-il ajouté.
Une date de lancement reportée en 2021
Il est difficile d’estimer avec précision l’impact de ces circonstances extraordinaires sur le calendrier de lancement d'Apple d’ici la fin de l’année. Cependant, un retard d'un mois ou deux empêchera la sortie du futur mobile pour les fêtes de fin d'année, période cruciale pour le lancement d’un produit. Le calendrier a toujours joué un rôle important dans le succès d'Apple et il n’est pas impossible que le constructeur reporte la sortie de l'iPhone 12 à la fin de l'année 2021 afin de garantir des conditions de marché optimales pour le lancement de son produit. À condition, également, que dans un monde post-coronavirus la demande d’iPhone ne tarira pas.
En effet, même quand la chaîne d'approvisionnement retrouvera son rythme, la demande des consommateurs risque d’être moins importante. Moins dramatique que le bilan de la maladie elle-même, l'épidémie de Covid-19 a mis au chômage ou privé d’emploi des dizaines de milliers de personnes. Le moment est donc mal choisi pour vendre des smartphones de luxe, et quelques mois ne suffiront pas pour revenir à une situation économique normale. Néanmoins, si l'on en croit les récentes révélations à propos des derniers Macbook Air et iPad Pro, Apple semble toujours prêt, pandémie ou pas, à convaincre d’autres utilisateurs à acheter ses produits. Apple a survécu à la crise financière mondiale de 2008 et réussira sans doute à surmonter celle du coronavirus. Cependant, il est probable que le prochain iPhone devra affronter un contexte économique difficile dans lequel rien ne dit que les consommateurs seront prêts à payer pour ses produits.
Mis à part la fluctuation du cours des monnaies, l’épidémie a des conséquences sur les entreprises et sur l’emploi. Même si Apple ne compte pas livrer un iPhone premium et plus cher que l'iPhone 11 Pro, il restera probablement cher dans un marché rétréci. Il faut attendre de voir exactement comment le coronavirus affectera spécifiquement le lancement du prochain iPhone. Mais, même à ce stade, il est clair que la pandémie pourrait forcer Apple à sortir de sa zone de confort. Cette situation entièrement inédite a un impact imprévisible pour les consommateurs. Ceux qui attendaient avec impatience le lancement de l'iPhone 12, l’absence de nouvelle ne laisse rien présager de bon. Il est probable que la sortie du prochain iPhone sera différée, qu’il coûtera plus cher que prévu et, quel que soit son succès, celui-ci sera certainement terni par les circonstances.