Fondée par deux russes Nikolai Durov et Pavel Durov, Telegram est sous le coup d'un ultimatum des autorités moscovites. Le FSB - successeur du KGB - a en effet demandé à la société spécialisée dans la messagerie chiffrée de livrer les clés de chiffrement de Messenger (très utilisée par l'équipe de LREM), l'app permettant d'accéder aux messages reçus, transmis et en cours d'envoi entre ses utilisateurs. Une décision que n'a pas manqué de critiquer le CEO de Telegram sur Twitter : « Les menaces pour bloquer Telegram jusqu'au point d'abandonner les données privées de ses utilisateurs ne porteront pas leurs fruits. Telegram restera debout pour la liberté et la vie privée », a tweeté Pavel Durov.
Le service de messagerie chiffré Telegram n'est pas en odeur de sainteté au Kremlin. Déjà, en octobre dernier, le groupe de Pavel Durov avait déjà eu maille à partir avec la justice russe qui l'avait condamnée à une amende de 800 000 roubles (18 000 euros) pour n'avoir pas coopéré avec le FSB. Pavel Durov, né à Leningrad, avait quitté son pays en 2014 en dénonçant la violation par la Russie du droit au secret de la correspondance.
Une menace de blocage qui plane depuis 2017
Lors de l'attentat du métro Saint-Pétersbourg en avril 2017, les services secrets russes avaient pointé du doigt Telegram pour permettre à ses auteurs de dissimuler leurs plans criminels. A cette époque, Telegram avait argué avoir bloqué des milliers de conversations avec le terrorisme. « La messagerie avait échappé à un blocage en juin après avoir accepté de fournir des informations au régulateur fédéral russe pour être intégrée au registre des diffuseurs d’information, ce qu'elle refusait auparavant », rappelle notre confrère du Monde.
Cette fois, il paraît difficile pour la Russie de reculer de nouveau. Le FSB exige les clés de chiffrement de Telegram d'ici 15 jours sous peine de bloquer le service. Une décision qui intervient quelques jours après la réélection de Vladimir Poutine à la présidence de la Russie et apparait comme un bon moyen de ligoter un peu plus la vie privée des citoyens russes sous couvert de lutte contre le terrorisme. Le CEO de Telegram avait eu l'occasion de rappeler que si son service était amené à être bloqué, les terroristes ne manqueraient pas de se rabattre sur un autre service, parmi lesquels on peut citer Signal, Wire ou encore Dust (lire notre article : Les 5 meilleurs apps de messagerie chiffrée).