Jour après jour, les conséquences de la guerre en Ukraine sur l'activité et l'économie russe sont de plus en plus fortes. Un dernier exemple en date concerne les impacts sur les ressources informatiques utilisées par les services gouvernementaux de la fédération de Russie. Une réunion qui s'est tenue le 9 mars dernier au ministère de la transformation numérique ayant réuni les principaux fournisseurs de services IT, cloud et télécom du pays, à savoir Sberbank, MTS, Oxygen, Rostelecom, Atom-Data (entité de Rosatom), Croco et Yandex, a soulevé un grave problème. « Les parties ont évoqué la perspective d'une pénurie de systèmes de stockage de données et des serveurs nécessaires pour assurer le fonctionnement des ressources IT de l'État », indique le quotidien économique russe indépendant Kommersant.
La Russie serait actuellement en train d'inventorier les équipements informatiques des datacenters assurant le fonctionnement de ses systèmes critiques. « La situation est extrêmement grave, personne ne s'y attendait, mais les capacités réelles existantes du secteur public seront suffisantes pour un maximum d'un mois et demi de travail », a indiqué une source proche du dossier à Kommersant. Toujours selon cette source, les autorités russes ont évoqué la possibilité de prendre le contrôle des ressources IT des entreprises ayant annoncé leur retrait du marché russe. Un scénario calqué sur d'autres en cours visant par exemple les enseignes de commerce américaines dont les murs, les stocks et les entrepôts pourraient tout simplement être confiés à des tiers russes, voire nationalisés.
Des fournisseurs IT russes non livrés de leurs commandes
D'après le cabinet de conseil iKS-Consulting , la demande du secteur public russe en équipements informatiques (serveurs et systèmes de stockage) a augmenté en moyenne de plus de 20 % par an. Une croissance qui s'explique en particulier par l'accroissement du taux d'équipement en matière de systèmes de vidéosurveillance nécessitant des ressources conséquentes en matière de stockage et de traitement de données. « Si la situation de pénurie ne s'améliore pas il va très certainement falloir se serrer la ceinture », a averti Igor Dorofeev, directeur du syndicat des acteurs de l'industrie des datacenters. « Très probablement, cela conduira à la limitation des services de divertissement comme les jeux vidéo en mode cloud et le streaming de musique et de vidéos ».
Suite à l'arrêt des services cloud étrangers en particulier Microsoft Azure et AWS, la demande russe en matière de stockage, serveurs et ressources de calcul a fortement augmenté. Pour pallier cette situation qui pourrait donc s'avérer critique dans les prochaines semaines, la Russie envisagerait de se tourner vers la Chine. Mais les prix des équipements chinois ont augmenté plusieurs fois et la logistique est perturbée, au point que les entreprises russes peinent à récupérer les matériels commandés. « Deux camions de serveurs d'un fournisseur étranger sont entrés dans le pays, mais il refuse de nous les donner, invoquant des sanctions », a expliqué une source appartenant à une grande société informatique russe à Kommersant. Selon une autre, Huawei a notamment suspendu les ventes de ses équipements à la Russie jusqu'au 26 mars.