En France comme ailleurs, la digitalisation de l'économie va menacer de nombreux emplois parmi les moins qualifiés et les plus pénibles. Tel est le constat d’une étude réalisée par l’institut Sapiens, un think tank français regroupant un réseau d’experts issus de tous horizons, universitaires, avocats, chefs d’entreprise, entrepreneurs, hauts fonctionnaires, autour d’adhérents intéressés par le débat touchant aux grands enjeux actuels. Au total, selon les estimations de l’organisme, près de 2,1 millions d’actifs concentrés dans 5 métiers seront voués à disparaître dans les prochaines années.
Les métiers sélectionnés pour illustrer ce constat sont ceux ayant connu la plus forte diminution de leurs effectifs depuis 1986, selon les données issues de l’Insee et de la Dares. Il s’agit des manutentionnaires, des secrétaires de bureautique et de direction, des employés de comptabilité, des employés de la banque et de l’assurance, ainsi que des caissiers et des employés de libre-service.
Destructions de postes d'un côté, créations de l'autre
« La vague digitale qui engloutira de nombreux emplois risque d’être socialement néfaste si elle n’est pas anticipée », souligne Erwann Tison, auteur de cette étude. Selon lui, le fait de ne pas prévoir les métiers qui vont disparaître, c’est risquer une aggravation du taux de chômage et donc un déséquilibre critique de nos comptes sociaux. En dépit de ce constat un tantinet alarmiste, l’institut Sapiens apporte une réponse pour le moins rassurante : si l’automatisation va certes remplacer des salariés dans un certain nombre de secteurs, essentiellement ceux ayant besoin d’une main d’œuvre peu qualifiée, un volet création d’emplois pourrait être plus puissant que celui entraînant la disparition des métiers.
Parmi les organismes qui se sont essayés à déterminer les contours du marché du travail de demain, l’Apec avait dressé en 2015 une liste de 31 métiers considérés comme émergents. Parmi ces derniers figuraient le web marketer, le consultant en e-réputation, le géomaticien, l’ingénieur cloud et virtualisation. Néanmoins, l’association avait nuancé ses prévisions en soulignant que très peu de métiers sont réellement créés « ex-nihilo », mais résultent plutôt d’une transformation des métiers existants.