Annoncé en 2022, le plan stratégique « La Poste 2030, engagée pour vous » du spécialiste historique en envoi de lettres et de colis ne manque pas d'ambition. Et l'entreprise se donne les moyens : avec une enveloppe dédiée de 300 M€ jusqu'en 2028, La Poste a bien mis le paquet pour accélérer sa mue digitale qui passe notamment par l'adaptation févode son outillage informatique pour répondre à ses enjeux de modernisation de l'environnement de travail de ses collaborateurs. « Nous allons donner demain des tablettes à tous les collaborateurs dans tous les bureaux de poste », a indiqué Yann Danou, CIO deputy et CTO de La Poste dans la branche grand public et numérique lors d'un point presse à l'occasion de la conférence Explore Europe 2023 de VMware. Avec un réseau de 17 000 points de vente (gérés en direct ou pas par La Poste), le chantier est donc conséquent. « Nous nous concentrons autour du poste de travail, du workplace et de la mobilité. Le besoin initial a été de donner des smartphones et tablettes aux facteurs et maintenant, nous allons équiper tous les bureaux de poste », poursuit Yann Danou.
« Il y a quelques années, nous avons eu besoin de déployer un MDM, de gérer les contrôles d'accès, et de déployer Office365 sur tous les PC et tablettes. Nous nous sommes tournés vers VMware Workspace One », poursuit le CTO. En 2020, le groupe avait ainsi implémenté cette solution sur les 70 000 smartphones de ses facteurs pour centraliser, optimiser et réduire les temps de mise à jour d'une vingtaine d'applications métier mais aussi éviter le shadow IT en empêchant le téléchargement d'applications non autorisées. Ayant donné satisfaction, Workspace ONE a été étendu à la digitalisation des bureaux de poste au second semestre 2022. L'occasion de migrer la solution du on premise vers le cloud en optant pour celui de VMware. « Nous avons réalisé la migration cette année en toute transparence », avance Yann Danou. « Cela n'avait pas de valeur ajoutée pour nous de gérer cette infrastructure physique, nous avons fait le rapprochement des instances au niveau groupe pour gérer sur VMware Cloud les smartphones et la flotte de téléphones mobiles ». En tout, 200 000 terminaux sont ainsi gérés sur cette plateforme, répartis entre 25 000 appareils « corporate » et 175 000 équipant les « front line workers », à savoir les collaborateurs en relation directe avec les clients finaux de La Poste.
Après Facteo, le smartphone de La Poste mis à disposition de ses facteurs, le groupe de distribution de courrier pousse ses terminaux Smarteo pour ses équipes présentes en bureau de poste. (Crédit : La Poste)
Une crainte sur le ré-enrôlement des terminaux
Pour cette migration cloud, La Poste a accompagné et formé ses équipes (une cinquantaine de personnes) sur les six mois de son projet. Concernant la gestion des règles et des droits d'accès, aucune personnalisation n'a été nécessaire pour l'opérateur, Workspace ONE ayant été déployé en standard. La migration n'a pas non plus posé de souci, ni en termes de reprise des données, ni en termes de ré-enrôlement, sachant que la mise à jour a été qualifiée de transparente pour les utilisateurs.
« Notre problématique c'est de pouvoir mieux gérer, superviser, manager et supporter nos terminaux dans nos bureaux de poste gérés à 50 % en propre et à 50 % par des partenaires comme Carrefour, Maisons de France, les mairies, etc. », fait savoir le CTO. La Poste reste toutefois confrontée à un problème inhérent à cette dernière caractéristique : celui de suivre ses flottes de postes Windows 10 hors domaine - encore très nombreuses - sachant que l'ambition future est bien de les réconcilier au travers d'une solution unique.
VDI du futur et IA en ligne de mire
La Poste se penche aussi sur cette autre problématique : « Nous avons une réflexion sur le VDI de demain pour répondre aux ambitions métiers et de transformation des bureaux de poste physiques », indique Yann Danou. « Nous descendons aujourd'hui une VM sur nos postes de travail via une solution VDI classique sur Citrix qui a été personnalisée pour nous. Demain, l'ambition c'est peut-être de virtualiser autrement l'environnement de travail sur les tablettes et les postes ».
Globalement, le bilan est positif pour La Poste, bien que l'évaluation du coût de ce projet reste finalement compliquée à établir : « Nous nous y retrouvons en termes de ROI mais comme ce contrat fait partie d'un contrat groupe négocié incluant d'autres licences VMware, c'est très compliqué de vous dire ce qu'il nous a permis d'économiser », prévient Yann Danou. « Nous avons des économies d'échelle car le contrat groupe est moins cher. Les effectifs n'ont pas augmenté, nous avons une efficacité de temps, nous déployons plus rapidement une application et la gestion quotidienne est beaucoup plus efficiente à isopérimètre ».
Comme bien d'autres groupes, La Poste fait par ailleurs évoluer son digital workspace vers l'IA pour apporter de la supervision proactive même si elle n'a toutefois pas encore tranché la question des outils qui supporteront ce prochain défi : « Nous sommes en réflexion sur ce sujet car nous avons beaucoup de choses qui tournent sur Microsoft, le digital workplace de demain va prendre 4-5 ans, c'est à l'étude », indique Yann Danou.