Où en sont les entreprises françaises de leurs programmes de transformations, ces stratégies leur permettant de s'adapter aux grands enjeux de l'époque et qui intègrent tous une dimension numérique ? C'est à cette question que tente de répondre une étude d'Expleo, cabinet de conseil en technologies. L'étude menée auprès de 258 entreprises françaises souligne notamment le défi que soulèvent ces programmes de transformation en matière de compétences. 79% des organisations françaises estiment ne pas disposer des compétences nécessaires pour maîtriser et intégrer les technologies émergentes (IA, réalité augmentée ou virtuelle, etc.). Et 69% d'entre elles expliquent ne pas être en mesure de retenir les collaborateurs spécialisés sur ces technologies, en raison des sollicitations dont ils sont l'objet.
Pour Expleo, c'est le défi n°1 auquel sont confrontées les directions générales, devant l'instabilité et les incertitudes économiques d'une part et la modernisation de l'expérience client d'autre part. 48% des dirigeants français voient la pénurie de compétences spécialisées comme une problématique majeure. Deux points de plus qu'il y a un an. Une part significative des dirigeants reconnaît volontiers les lacunes de leur organisation sur ce terrain. 33% d'entre eux admettent que l'absence de formation et de plan de développement des compétences en interne constituent des freins pour recruter ces profils spécialisés. Et 40% de ces mêmes dirigeants expliquent que le manque de perspectives et d'évolution de carrières en interne handicapent les efforts de fidélisation des collaborateurs.
L'inflation inquiète les dirigeants
Pour lutter contre ces difficultés, les entreprises françaises identifient un certain nombre de leviers : l'adoption des principes de l'hyper-automatisation afin d'automatiser la plupart des tâches répétitives (citée par 35% des dirigeants), l'investissement dans la formation (33%), le recours à l'IA pour améliorer la productivité des employés et ainsi réduire les besoins de recrutement (31%), la mise en place d'une académie pour la formation interne (28%) ou encore le renforcement de la diversité des profils embauchés (28%). Notons toutefois que, sur ces quatre derniers items, les organisations françaises arrivent plusieurs points en dessous de la moyenne, Expleo ayant mené son enquête dans 5 autres pays. Pour attirer les compétences idoines, les dirigeants français misent à la fois sur le respect de l'environnement et sur des conditions de travail engageantes (équilibre vie pro-perso, accords de télétravail ou encore perspectives de carrière).
Derrière cet accès aux compétences, l'instabilité géopolitique et les incertitudes macro-économiques apparaissent comme le second facteur freinant les plans de transformation. 7 entreprises françaises sur 10 prévoient de réduire leurs ambitions en la matière en raison du climat d'incertitudes actuel (4 points de plus que la moyenne de l'étude). Pour les décideurs français, l'inflation reste la menace n°1, devant l'instabilité économique. Ils sont ainsi 80% à afficher leur préoccupation quant à l'impact de l'augmentation des coûts de l'énergie sur leur programme de transformation. En réaction à cette dégradation du climat général, les organisations françaises ressortent les vieilles recettes : elles sont 46% à placer le contrôle des coûts parmi leurs priorités (+ 4 points en un an) et 38% à en faire de même avec l'augmentation de l'efficacité opérationnelle (+ 7 points).