On ne saura que le 28 décembre si la fusion entre Cloudera et Hortonworks, annoncée début octobre, est acceptée par leurs actionnaires respectifs. C'est Cloudera qui doit prendre la main sur ce rapprochement en conservant les rênes de la nouvelle entité dont il détiendra 60% des parts. Les deux spécialistes des plateformes Hadoop et technologies big data réunissent chacun de leur côté leurs actionnaires qui doivent de part et d'autre se prononcer en faveur de la fusion pour que celle-ci puisse se réaliser. En attendant l'issue des votes, à la fin de ce mois, Cloudera et Hortonworks continuent à opérer de façon indépendante, même si, au sein d'un comité restreint, leurs dirigeants envisagent la suite, en toute discrétion. Les communautés respectives, elles, n'ont pas attendu l'annonce du prochain rapprochement pour collaborer entre elles.
Commentant les perspectives attendues de la fusion, Romain Picard, vice-président France et Europe du Sud de Cloudera, a souligné à l'occasion d'un point presse que les synergies étaient énormes. Il insiste sur les complémentarités des offres et assure qu'il n'y aura à 80% pas de surprise pour les clients qui auront fait le choix de l'une ou l'autre technologie. Les deux éditeurs ont déjà annoncé qu'ils s'engageaient à supporter leurs solutions respectives pendant 3 ans et qu'ils prévoyaient une version Unity réunissant les meilleurs éléments de leurs deux distributions existantes. « C'est une plateforme qui sera opérable sur toutes les architectures », indique Romain Picard en ajoutant que le nombre de clients communs entre les deux éditeurs ne dépassait pas 5%.
Renforcer l'accompagnement des clients
Selon l'équipe française de Cloudera, qui compte une vingtaine de personnes, la fusion est vue par les clients comme un accélérateur qui apportera davantage de capacités en R&D, indique notamment Sandrine Tarnaud, directrice des ventes de la filiale. « Les clients cherchent à industrialiser, ils ont besoin d'une roadmap à plus de 5 ans », ajoute Romain Picard. Le retour serait également positif du côté des partenaires, une partie d'entre eux étant communs à Hortonworks et Cloudera. En dehors des groupes comme Capgemini et Accenture, Cloudera travaille avec des partenaires tels que Devoteam, Umanis, Openvalue, ou Claranet, notamment.
Si la fusion se confirme, le rapprochement des équipes permettra de renforcer l'attention et l'accompagnement apportés aux clients français et d'accélérer l'adoption, indique Denis Fraval, responsable ventes et ingénierie EMEA de Cloudera, en mettant en avant le gain en efficacité. Sur des sujets tels que l'IA et le machine learning (ML), « il y a un fort besoin de compétences à former et à déployer dans l'écosystème », ajoute de son côté Romain Picard.
Un PaaS pour la data science et le machine learning
La semaine dernière, Cloudera a annoncé en préversion un PaaS dédié aux projets de data science et d'apprentissage machine. Celui-ci est destiné à simplifier les workflows de ML en proposant une expérience unifiée pour l'accès aux données dans les environnements on-premise, cloud public et hybride, avec des capacités de traitement distribuées et conteneurisées s'appuyant sur Kubernetes. Ce PaaS de data science disponible sur AWS fonctionnera de façon autonome sans avoir à déployer les autres composants de la plateforme Cloudera, notamment sur le stockage de la donnée.
La filiale française du spécialiste des technologies Hadoop et big data a créé au début de l'année 2018 un club utilisateurs qui regroupe une dizaine de très gros clients dans la grande distribution, les assurances, l'industrie et dans le secteur des biens de consommation (CPG). « L'objectif est de partager les expériences sur la conduite des projets, les cas d'usage, les questions d'architecture et l'utilisation de la BI », énumère Sandrine Tarnaud. « Nos clients nous sollicitaient pour échanger avec leurs pairs sur leurs projets, sur les compétences, sur la façon de démarrer un projet data », explique-t-elle. La prochaine réunion du club se tiendra le 17 janvier autour de deux thématiques : l'évolution de la BI en entreprise et l'industrie 4.0.
Scoring de pricing, ressenti client, maintenance prédictive
Parmi les cas d'usage mis en place par les utilisateurs de Cloudera, la directrice des ventes de la filiale française énumère le scoring de pricing en temps réel (pour répondre à des demandes de devis en ligne en tenant compte de différents paramètres dont les prix pratiqués sur le marché), l'analyse de tickets de caisse en temps réel pour le réapprovisionnement automatique dans la grande distribution, l'analyse du ressenti client à travers les réseaux sociaux pour enrichir les outils de CRM ou, encore, la maintenance prédictive. Sandrine Tarnaud distingue en fait trois grandes thématiques : la connaissance client, l'amélioration des produits et services (incluant la maintenance prédictive) et la sécurité (traçabilité, conformité). « Nous avons aussi des cas d’usage intéressants sur les Ressources humaines, avec l’agrégation au niveau mondial de toutes les données RH », ajoute-t-elle. La plateforme est utilisée dans le cadre de plans de recrutement ambitieux sur l’efficacité professionnelle, ainsi que sur des plans de rétention des salariés.