A 6 ans, on court un peu partout. C'est ce que font les start-ups de la French Tech, mouvement né en 2013 pour soutenir les entreprises innovantes dans tous les domaines du numérique, qui ne manquent plus une occasion de se presser chaque année aux portes du CES. Le plus grand salon mondial consacré à la mobilité et aux produits high-tech (9-11 janvier 2019) accueille en effet au fil des éditions un nombre grandissant de start-ups françaises. Cette édition n'a pas dérogé à la règle avec cette année un record de 380 jeunes pousses hexagonales présentes sur l'événement logées au sein de l'Eureka Park. Si l'on tient compte de l'ensemble des entreprises françaises qui se sont déplacées - 420 en tout - la France est devenue la deuxième plus grande délégation étrangère juste après la Chine.
On peut toutefois se demander à quoi sert cette démonstration de force, car comme dans bien des cas ce n'est pas la taille qui compte. Si on comprend bien l'envie - et l'intérêt - pour le gouvernement de montrer la vigueur de l'écosystème des jeunes entreprises innovantes et France, eu égard aux centaines de millions d'euros investis dans ces entreprises par le biais d'aides et de fonds (CDC, Bpifrance, régions...), le déplacement d'une armée française de start-ups à Las vegas peut au final se révéler contre-productif. Tout d'abord d'un point de vue visibilité, on se demande si un espace si réduit (2-3m2 le plus souvent) - tenant davantage de cages à poules qu'autre chose -, constitue un espace suffisant pour mettre en valeur des solutions et réaliser des démonstrations en bonne et due forme.
Payer pour la reconnaissance de l'innovation
Outre des interrogations légitimes que l'on peut se poser sur l'intérêt de pléthore de produits et solutions présentés à la valeur ajoutée loin d'être évidente, la présence de certaines entreprises semble tenir plus du remplissage qu'autre chose. « Je me pose franchement la question de ce que font là-bas beaucoup de gens que je croise. Je rencontre des start-ups qui arrivent le dimanche et qui n'ont aucun rendez-vous à leur agenda. C'est certain que leur CES sera raté », a expliqué Fred Potter, fondateur de Netatmo à notre confrère de Challenges. Un discours de terrain qui apparaît bien loin des promesses gouvernementales : « Pour nos entrepreneurs, le CES, c'est l'opportunité de se faire des contacts à travers le monde, de faire parler d'eux, et surtout de vendre leurs produits à travers le monde », a fait savoir à La Dépêche le secrétaire d'Etat chargé du Numérique Mounir Mahjoubi qui n'a pas pris le temps de se déplacer pour cause de crise des gilets jaunes.
Alors bien sûr, certaines ne seront pas venues pour rien car elles repartiront du CES avec un prix, celui de l'« Innovation Award ». Un prix intéressant qui aurait de la valeur s'il n'était pas remis à autant d'entreprises - 57 primées rien que pour la France - sachant qu'il suffirait seulement de payer quelques centaines d'euros pour candidater...