Les éditeurs et les SSII sont loin de recruter, aussi facilement qu'elles le voudraient, des profils qualifiés spécialisés pour répondre à leurs besoins et aussi à ceux de leurs clients. Tel a été l'un des constats dressés à l'occasion de la table ronde « Comment les acteurs informatiques contribuent-ils à la montée en compétences des informaticiens en France ? », organisée par le club de la presse informatique B2B mercredi matin à Paris et à laquelle Capgemini, Teradata, Accenture et EMC ont participé. Des profils qui font d'ailleurs partie des domaines les plus recherchés actuellement. « Il n'est pas forcément facile de trouver sur le marché des bons profils dans le big data et le digital », a fait savoir Camille le Bras, directrice du recrutement chez Capgemini.
« Nous avons un vrai souci d'adapter les profils aux clients, en particulier sur le big data », a indiqué de son côté Denis Espérandieu, directeur d'équipe Services professionnels de Teradata. Si les profils des collaborateurs fraîchement recrutés ne couvrent pas souvent 100% des attentes des recruteurs IT, ces derniers ont toutefois une arme secrète pour corriger le tir : la formation. « Nous menons une démarche mondiale pour former à un très haut niveau technique nos collaborateurs qui sont obligés de suivre entre 20 et 40 jours de formation par an. »
Pour les aider à atteindre leurs objectifs de formation et d'adaptation des compétences à leurs besoins (et/ou à ceux de leurs clients), les éditeurs et SSII ont plusieurs atouts dans leur manche même s'ils se doivent avant toute chose d'arriver à mieux expliquer leurs attentes. « Nous recevons 50 000 CV par an en France et nous avons un problème pour expliquer nos métiers. Alors que nous recrutions auparavant du Bac professionnel jusqu'à l'école de commerce et d'ingénieur, aujourd'hui un tiers de nos recrutements s'oriente vers des profils expérimentés et des experts », a lancé Yves Bernaert, directeur de l'activité technologies au sein d'Accenture qui injecte pas moins de 870 millions de dollars par an dans la formation.
Les MOOCS loin d'être généralisés Â
Editeurs et SSII misent plus que jamais sur leurs centres de formation maison pour dispenser - en présentiel (salles de réunions connectées) ou bien à distance (e-learning) - des programmes permettant ainsi de mettre à niveau, développer ou vérifier les compétences de leurs collaborateurs. Chez Teradata par exemple, trois-quarts des cours sont effectués en e-learning et comportent systématiquement un QCM pour évaluer le niveau des apprenants. Chez Capgemini, 39% des offres de formation sont dispensées en virtual learning (tutoriels, contenus en ligne...) avec, par exemple, la mise en place d'un parcours de formation d'ingénieur logiciel qui va concerner 22 000 collaborateurs dans le monde, même si l'heure des MOOCS n'a pas encore sonné.
Chez Accenture, les formations ne sont d'ailleurs pas réservées à une certaine partie des collaborateurs mais sont bel et bien ouvertes à tous. « Tous les collaborateurs utilisent les formations en ligne, les salles de formation vidéo et les chats, les salariés ayant des formations obligatoires dans le cadre de leur travail en présentiel ou en ligne », souligne Yves Bernaert. Le fait que les formations peuvent être réalisées en ligne ne présente-elle pas certains risques ? Le cabinet met en tout cas en place des mécanismes qui semble plutôt efficaces : « Les formations certifiantes sont très contrôlées et administrées par un organisme tiers sachant que nous veillons à ce que les informations privées de l'entreprise ne soient pas partagées, soit par clause contractuelle, soit en responsabilisant l'apprenant ou via des systèmes de sécurité et de contrôle de reconnaissance faciale et de détection de présence », a expliqué Yves Bernaert.
Des formations pour les partenaires et clients
Mais les formations ne sont pas seulement destinées aux salariés : elles peuvent aussi s'adresser aux partenaires et aux clients des éditeurs et SSII, voire dans certains cas, être ouvertes à tous. « Au travers de notre University Network, nous distribuons aussi des informations produits et des méthodes réservées aux clients et à nos universités partenaires mais aux Etats-Unis, elle est ouverte au public », a précisé Denis Espérandieu.
Parmi les autres leviers de formation que les acteurs IT peuvent actionner, on trouve également les partenariats menés avec des écoles et des universités. Et force est de constater qu'en la matière, les initatives abondent. Capgemini a par exemple noué un partenariat avec l'Institut Pierre et Marie-Curie pour y dispenser des cours de formation via des campus managers qui prennent sur leur temps de travail pour aller former des étudiants sur des thématiques ciblées. Accenture de son côté, a mis sur pied une Chaire en Business Analytics avec l'Essec - une initiative qui n'est pas sans rappeler celle d'HP en début d'année qui en a aussi ouvert une sur le big data avec l'ESME Sudria - tandis qu'EMC a cette année mené un partenariat avec l'Ecole Centrale et pense bientôt généraliser ses programmes de formation aux universités.