Ce 7 septembre 2022, Infranum et Covage ont dévoilé conjointement les résultats du dernier baromètre annuel réalisé par l’Ifop sur le déploiement de la fibre optique en entreprise. Pour ce faire, Philippe Le Grand, président d’Infranum, et Bertrand Lebarbier, président de la commission entreprise, sont revenus sur les résultats et n’ont pas manqué de rappeler la mobilisation de l’organisation sur le marché de la fibre en entreprise. « Il s’agit de garantir une connectivité en fibre optique et des services de qualité » a indiqué Bertrand Lebarbier. Sur le plan méthodologique, l’enquête a été menée entre le 28 février et le 31 mars par téléphone auprès de 800 dirigeants d’entreprises et personnes décisionnaires en matière d’équipement informatique.
L’enquête a révélé plusieurs points clé : avec un taux d’équipement moyen des entreprises comprenant 1 à 249 salariés égal à 55 %, le raccordement des entreprises à la fibre a largement progressé ces dernières années. En 2019, ce taux était de 23 % et en 2021, il a grimpé à 37 %, amenant ainsi aujourd’hui à une progression de près de 49 %, un chiffre non-négligeable. Des disparités subsistent, notamment du fait de la situation géographique (le taux d’équipement chute à 36 % dans les communes rurales contre 70 % en région Île-de-France) et suivant la taille de l’entreprise (un taux à 49 % dans les entreprises de 1-49 salariés contre 74 % pour les entreprises de 50-249 salariés).
Les plus petites entreprises réfractaires à la migration vers la fibre
Au regard de la crise sanitaire, le baromètre relève que celle-ci a eu un impact limité sur les projets de connectivité de l’entreprise pour 69 % des sondés. Ce sont les grandes entreprises (plus de 100 salariés) qui se sont démarquées sur ce point, puisque 65 % des répondants ont affirmé avoir noté un impact. En ce sens, les projets de migration vers la fibre ont davantage la cote chez les grandes entreprises qu’au sein des plus petites structures. « Plus l’entreprise est de taille importante, plus le passage à la fibre est plébiscité » détaille François Legrand de l'Ifop, ajoutant que 55 % des entreprises de 1 à 5 salariés ont la propension à s’équiper, un chiffre qui grimpe à 100 % pour les entreprises de plus de 250 salariés. « La crise a incité à passer à la fibre » ajoute François Legrand.
Un projet de migration qui ne va pas sans sa part de réfractaires, dont le nombre est en hausse de 6 points depuis 2021, passant ainsi à 41 %. Parmi les raisons citées, on note en première position les coûts directs et indirects générés par un changement d’offre, suivis par le fait que certaines entreprises pensent ne pas être éligibles à la fibre, les impacts potentiels répercutés sur l’organisation, la difficulté à comprendre les offres, ou encore le manque de confiance dans les discours commerciaux des opérateurs. Au sein de l’échantillon des entreprises sondées non équipées en fibre mais qui envisagent de le faire (soit 27 % de l’échantillon), les offres pro et entreprise sont plébiscitées, y compris sur le segment 1-5 salariés qui ne choisirait des offres grand public que pour 20 % d’entre elles. Ces mêmes entreprises sont également à la recherche d’engagement sur le temps de rétablissement (GTR). Parmi ceux qui possèdent actuellement une offre entreprise, 38 % d’entre eux précisent avoir une GTR inférieure à 8h et un débit garanti. Pour rappel, ils étaient seulement 29 % à demander ces engagements en 2021.
L’opérateur et la concurrence, une grande histoire
Si seulement 10 % des entreprises envisagent un changement d’opérateur dans les 12 prochains mois en cas de migration vers la fibre, ce projet reste un levier majeur pour faire jouer la concurrence. « 43 % des entreprises envisageront de changer d’opérateur » rapporte l’Ifop dans son baromètre annuel. Aubin Bernard, responsable des affaires publiques et des affaires internationales au sein d’Infranum se veut cependant rassurant, indiquant qu’une très large majorité des sondés (93 %) se disent ainsi satisfaits de leur opérateur actuel. Parmi les critères sélectifs dans le choix d’un opérateur, les entreprises citent d’abord des sujets de qualité de service, le tarif n’arrivant qu’en 7e position.
En matière de relation client, on retrouve des exigences précédemment citées comme la rapidité du traitement de la demande, la garantie du temps de rétablissement du service, la garantie du temps d’intervention ou encore la qualité du diagnostic en cas de problème. « Les entreprises se renseignent beaucoup par elles-mêmes sur les opérateurs via Internet pour les petites et via leur réseau professionnel pour les plus grosses. Le commercial de l’opérateur n’est cité que dans 25 % des cas » résume François Legrand.
Des résultats à prendre avec des pincettes
Malgré tout, rappelons qu’il s’agit d’une période charnière pour le marché professionnel des télécoms, à l’heure où le raccordement à la fibre n’en finit plus de patiner. Les industriels du secteur ne cessent de rabâcher que « la France sera fibrée à quasi 100 % d’ici 2025 », mais les collectivités locales sont loin d’être du même avis. Les dégradations et malfaçons restent nombreuses, le taux d’échec de raccordement étant situé entre 15 et 20 % (chiffres datés de juin 2022). Dans certaines régions, le taux de panne touche même jusqu’à 3 % des clients. Les zones blanches existent encore bel et bien (5 %) et le manque de communication sur les différences d’éligibilité des particuliers et des professionnels participe à une incompréhension grandissante. Dès lors, il paraît impossible de faire abstraction de ces points de blocage également relevés par l'Arcep. Et pourtant, le baromètre annuel de la fibre en entreprise publié par l’Ifop redonne une lueur d'espoir pour le marché entreprise dans les années à venir.