Chez SFR, après un bras de fer opposant les organisations syndicales de l’opérateur télécoms et les dirigeants du groupe, des pourparlers vont finalement être engagés. Au cœur des débats, la suppression de 1700 postes annoncée en février dernier par le propriétaire Altice dans le cadre d’un plan de de restructuration. « La direction générale de l’entreprise a retiré sa demande d’homologation et a accepté à notre demande d’ouvrir les négociations pendant deux semaines », nous a confié Abdelkader Choukrane délégué central Unsa (syndicat majoritaire chez SFR). Contestant sa mise en œuvre tant sur la forme que sur le fond, et dénonçant des irrégularités, les organisations syndicales (incluant également la CFDT et la CFTC) avaient proposé une médiation et un projet d’accord à la Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Drieets, l’ex Direccte) à quelques heures de l’homologation du plan.
Dans un communiqué commun, un projet de 115 pages qu’elles se disaient prêtes à signer était structuré autour de quatre principes qualifiés d’essentiels : la garantie de stabilité des emplois chez SFR jusqu'en 2024, la mise en place d’une clause garantissant l’effectivité du volontariat des salariés amenés à quitter le groupe, le déploiement d’un accompagnement personnalisé et d’une prévention des risques psychosociaux. Avant cela, les syndicats de SFR s’étaient sentis rassurés par la décision du Tribunal judiciaire de Paris rendue le 21 septembre dernier. Se rangeant a leurs côtés, le juge avait qualifié de déloyale l’attitude de l'opérateur d'avoir élaboré le plan de restructuration dès 2020, alors qu'un accord de protection de l'emploi courait jusqu'au 31 décembre 2020 et qu'aucune suppression de postes n'avait été évoquée lors de la procédure de consultation.
Dépôt du dossier fin octobre a défaut d'un accord
Malgré cela, les pouvoirs publics n’ont pas suivi les conclusions du Tribunal Judiciaire. « La ministre du Travail Elizabeth Borne a décidé de valider la procédure SFR du plan de sauvegarde de l’emploi, bien qu’elle soit frauduleuse et remplie d’irrégularités comme l’a jugée le Tribunal le 21 septembre 2021 », a précisé Abdelkader Choukrane, se déclarant scandalisé face à l’énormité de la situation. « On ne peut pas justifier qu’une entreprise se transforme en réduisant des équipes déjà surchargées de travail d’autant plus que la raison économique d’un tel plan n’est pas justifiée, SFR ayant affiché de bons résultats malgré la crise » estime le syndicaliste. Le fait que la direction accepte de rediscuter du projet change désormais la donne et pourrait conduire à un accord plus juste pour les salariés.
Dans un communiqué, Grégory Rabuel, directeur général de SFR a confirmé ce changement de cap. « Nous espérons que ces réunions se dérouleront dans un climat serein et constructif afin d’aboutir à un accord collectif majoritaire voire unanime, dans l’intérêt des salariés de l’UES SFR », a indiqué le dirigeant ajoutant que le PSE était donc reporté. « A défaut de parvenir à un accord, nous transmettrons à l’administration une nouvelle demande d’homologation d’ici la fin du mois d’octobre, au plus tard, a-t-il précisé. Le dirigeant a également dit qu’il avait bien évidemment conscience du souhait exprimé par les collaborateurs de l’UES SFR d’obtenir des informations sur le contenu du plan de départ volontaire. Il invite donc les salariés dès l’issue des négociations et quelle qu’en soit l’issue, à participer à des sessions d’information sur les modalités et mesures envisagées dans le cadre de ce projet.