La croissance des dépenses IT sera amputée de moitié en 2009, selon PAC
Les entreprises vont-elles couper dans leurs dépenses informatiques ? Le cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC) livre ses prévisions à la fois pour 2008 et pour 2009.
Le cabinet PAC mesure régulièrement la dépense informatique en France, dans les entreprises privées comme dans le secteur public. Une dépense aussi bien interne (personnel et coûts informatiques) qu'externe (achats de matériels, logiciels et services). Cette dépense se montait globalement à 77,8 Md€ en 2007, elle progressait alors de 3,1% par rapport à l'année précédente. Elle va augmenter de 3% en 2008, pour atteindre 81,1 Md€, mais seulement de 1,3% en 2009. L'année 2008 restera donc dans la lignée de 2007, l'affaiblissement de la dépense se manifestant seulement en 2009. L'effet de la crise économique mondiale est visible dans ces premiers chiffres qui montrent une baisse de la dépense mais décalée sur l'année à venir.
Deuxième effet, à l'intérieur de cette dépense totale, la partie logiciels et services augmentera de 5,9% en 2008, prévoit PAC, contre 6,2% en 2007. « La dynamique est sensiblement la même que pour 2007, nous explique Frédéric Giron directeur au cabinet PAC, mais nous avons intégré un essoufflement de la demande au dernier trimestre 2008. Cette érosion explique la différence entre les deux années. Certains éditeurs par exemple réalisant 40% de leur chiffre d'affaires sur ce dernier trimestre ». Ce deuxième effet montre une bonne résistance de la demande en logiciels et services et donc des SSII et des éditeurs sur les neuf premiers mois de l'année 2008.
Troisième effet, pour 2009 cette fois, où PAC anticipe une croissance de 3 à 3,5% du marché des logiciels et services. C'est donc la moitié de la progression prévue en 2008 (6%). Toutefois, « tous les segments des logiciels et services ne ralentissent pas de la même manière», note Frédéric Giron.
L'externalisation restera florissante
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A l'intérieur du secteur des logiciels et services une activité devrait rester florissante, celle de l'externalisation. Elle sera entre 7 et 8% de croissance en 2009. Sa bonne tenue rejaillit sur l'ensemble du secteur logiciels et services puisque l'externalisation représente 25% de ce secteur. Elle peut même bénéficier d'un nouvel environnement où les entreprises chercheront davantage à optimiser leurs dépenses qu'à les supprimer. Dans le même ordre d'idées, les contrats au forfait resteront en bonne santé en 2009.
Autre conséquence forte, l'industrialisation des services, manifeste depuis plusieurs mois, va s'amplifier. « Intrinsèquement liée à la démarche en offshore, l' industrialisation consiste pour les SSII à créer des centres de services, à adopter des méthodes comme CMMI et à mettre en place des outils collaboratifs ». Cette industrialisation permet d'augmenter la productivité et de réduire les coûts des fournisseurs comme savent l'imposer les grands comptes.
A l'inverse, à l'intérieur du secteur des logiciels et services, d'autres activités vont s'affaiblir. « Les logiciels sont les premiers à pâtir d'une réduction des dépenses ou d'un affaiblissement économique » remarque Frédéric Giron. Les services et la régie devraient être affectés ainsi que l'ensemble des prestations intellectuelles : conseil et intégration de systèmes.
Le secteur bancaire ne pénalise pas les SSII
Autre point fort de l'étude, la bonne tenue de la demande dans le secteur bancaire. Si la finance de marché va couper dans ses dépenses, la banque plus traditionnelle ne devrait pas suivre le même chemin. Contrairement aux Etats-Unis, la France n'enregistre pas de disparition de banques, donc de leurs budgets informatiques. Au contraire, selon Frédéric Giron, les banques ont appris ces dernières années à faire de l'informatique un outil stratégique. Elles vont opérer une forte pression sur les prix mais ne devraient pas couper brutalement dans leurs dépenses.
D'autres secteurs investiront fortement, essentiellement le secteur public et les « utilities »(*). A l'évidence, l'étude de PAC n'est pas totalement pessimiste. Elle montre que la réduction des investissements informatiques des entreprises est réelle mais plus difficile à engager que par le passé. Certaines activités (externalisation, industrialisation ) et certains secteurs (banque, secteur public, « utilities* ») s'en sortent même très bien. Les entreprises maîtrisent beaucoup mieux leurs dépenses informatiques devenues vraiment un élément de compétitivité.
(*) Par « utilities » on entend des activités anciennement dans le secteur public et gérées par des entreprises privées comme l'eau ou le gaz et l'électricité.