Trop complexe, trop long à mettre en place et donc, trop cher. La cour des comptes vient de publier son enquête sur la conduite du programme informatique Sirhen* du ministère de l'Education nationale destiné à gérer les ressources humaines et la paie de 1,2 million de personnes, ainsi que la préparation de la rentrée scolaire et l'affectation des moyens. Cette enquête porte sur la période 2007 et 2015. La juridiction administrative, chargée de contrôler la régularité des dépenses des services de l’Etat fait état de « difficultés mal maîtrisées » qui ont entravé le bon déroulement du projet jusqu’à en quintupler le coût final, passé de 60 M€ à 323 M€. Le calendrier global du chantier a été étiré jusqu’en 2023 et le programme a même été bloqué, « le prestataire ne parvenant pas à livrer une version de l’outil d’une qualité apte à la prise en charge des premiers agents », décrit le rapport.
Les améliorations apportées au projet n’ont pas suffi à le redresser, constate la Cour des comptes qui a formulé trois recommandations pour que la conduite du programme soit sécurisée. L’objectif assigné est d’atteindre « un déploiement complet en 2020 dans un cadre financier strict », pose la juridiction dans son rapport. Ce dernier avait été adressé en référé le 19 décembre 201 6 à la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, qui a adressé sa réponse mi-février au 1er président de la Cour des comptes Didier Migaud.
Fonder chaque décision sur une étude d'impacts coûts/délais
Dans son rapport d'enquête, la juridiction administrative insiste sur « l’absolue nécessité de sécuriser la conduite du programme pour atteindre un déploiement complet de Sirhen en 2020 dans un cadre financier à respecter ». Elle formule trois recommandations pour y parvenir. Premièrement, concernant le pilotage stratégique, chaque décision du comité de pilotage devrait être fondée sur une étude d'impacts coût/délais. Deuxièmement, le programme devrait être recentré sur ses fonctions socles et sur l'outillage décisionnel. Troisièmement, il faudrait renforcer le suivi financier « par un budget consolidé qui intégrerait les dépenses externalisées, les coûts internes et le maintien opérationnel des anciennes applications ».
Dans sa réponse, la ministre de l'Education nationale rappelle que le programme Sirhen a fait l'objet en 2016 d'une transformation en profondeur, confirmée par la Dinsic, à la suite de la mission d'audit confiée à l'Inspection générale de l'administration de l'Education nationale. Elle ajoute que la consolidation du pilotage stratégique est engagée dans le sens des recommandations de la Cour. Enfin, elle fait état d'une limitation de 496 M€ de l'enveloppe budgétaire allouée incluant les coûts liés à Sirhen de 323 M€.
(*) Programme Sirhen : système d’information et de gestion des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche.