Les compteurs électriques intelligents, déjà installés aux Pays-Bas, mais pour l'heure en test sur le territoire français, ont été conçus afin de faciliter la tâche de toute la chaîne de l'électricité, qu'il s'agisse du client final, du distributeur ou du producteur. Néanmoins, la précision et le rythme de la récolte des données par les gestionnaires des réseaux peuvent poser quelques problèmes éthiques selon la CNIL. Ces informations sont jugées comme personnelles.
Le Big Brother de la consommation électrique
En effet, avec une transmission des données de consommation des abonnés environ toutes les 10 à 30 minutes, il serait possible pour quiconque recevant ces renseignements d'évaluer le rythme de vie de l'individu concerné en fonction de son utilisation électrique au fur et à mesure de sa journée. Savoir l'heure de réveil, de coucher, ou les périodes de vacance du logement serait donc potentiellement accessible à toute personne ayant accès à ces informations transmises par les compteurs. La CNIL envisage un autre risque relevant cette fois-ci du double sens de la communication entre le réseau de distribution et les compteurs intelligents : la possibilité de réguler l'abonnement et donc de modifier la puissance accordée à un utilisateur. En tombant entre de mauvaises mains, la fraude pourrait aller dans les deux sens, défavorable pour d'éventuelles vendettas personnelles, ou bien favorables pour s'accorder une puissance électrique supérieure à ce que l'abonnement prévoit.
Une innovation pratique de bout en bout
La Commission souhaite donc définir un cadre définir un cadre préalable à la mise en place de ces dispositifs pour éviter ces risques de dérives. Elle admet néanmoins les bénéfices de ces compteurs. L'usager n'aura plus besoin d'accueillir chez lui le technicien chargé de relever le traditionnel compteur, ou bien de procéder à l'ouverture d'un contrat, et pourra suivre quasiment en temps réel sa consommation. Le gestionnaire du réseau d'énergie n'aura donc plus à dépêcher ses employés dans chaque logement pour procéder à ces opérations, et pourra transmettre directement les données de consommation électrique vers les producteurs d'énergie. Ils pourront quant à eux provisionner l'électricité à produire et facturer leur clientèle de manière plus directe. Cependant, la question de l'obligation d'installation en France reste polémique, notamment pour des questions de coûts, même si peu d'informations ont encore filtré sur ce sujet. On peut citer le cas des Pays-Bas où une réglementation visant à imposer ces dispositifs a été abandonnée face aux associations de consommateurs.
Crédit Photo : ERDF
La CNIL surveille de près les « smart grid »
Tandis que ERDF teste actuellement des compteurs électriques intelligents, ou « smart grid », la CNIL pose d'ores-et-déjà les bases de la régulation d'un tel dispositif.