La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) tire un bilan inquiétant de son activité en 2006. Cette dernière ne cesse de croître, menace de plus en plus directement la vie privée alors que les moyens pour contrôler et la volonté politique font défaut.
La numérisation de la société et les gisements de contrôle et de fichage qui en découlent se sont traduits par une augmentation de 570% de l'activité de la Cnil en trois ans.
Alors que les dernières déclarations de Nicolas Sarkozy, Président de la République, montrent que 2007 sera l'année de l'explosion de la vidéosurveillance, la Cnil lance "une alerte à la société de surveillance" qui menace "la protection des données et nos libertés". Le nombre de déclarations de mises en place de systèmes de surveillance est passé de 300 en 2005 à 880 l'an dernier. Une augmentation qui n'est rien par rapport à la multiplication par dix en un an des dispositifs biométriques à propos desquels la Cnil se dit "vigilante mais préoccupée".
La Cnil s'inquiète que les traitements et la conservation des données se fassent à l'insu des personnes et que les moyens de contrôle ne suivent pas le développement des activités à contrôler.
Pour Alex Türk, président de la Cnil, " Le temps technologique accélère constamment, tandis que le temps juridique demeure particulièrement lent." Surtout si l'on se souvient que, fin novembre 2006, le président de la Cnil constatait qu'un budget de 9 M€ et des effectifs de 90 personnes en faisait l'autorité indépendante la moins bien lotie d'Europe.
Alors qu'elle n'a commencé à user de son pouvoir de sanction qu'en juin, la Cnil a mis à l'amende seize sociétés en douze mois.
En septembre dernier, le Crédit Lyonnais a décroché un double record : à la fois celui d'être le premier à écoper d'une amende d'un montant jusque-là inégalé : 45 000€. La banque avait non seulement inscrit abusivement un de ses clients au fichier central "retraits CB" mais aussi entravé l'enquête de la Cnil.
Le rapport 2007 risque d'être aussi angoissant que les précédents.
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La Cnil lance une alerte à la société de surveillance
Les rapports annuels de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) se ressemblent par le sentiment de malaise qu'inspire leur lecture.