Mise à mal par les sanctions technologiques américaines, la Chine va investir 1,9 milliard de dollars supplémentaires dans Yangtze Memory Technologies Co. (YMTC), le plus grand producteur de puces de mémoire du pays fondé en 2016 à Wuhan, afin de stimuler la croissance de son industrie nationale des semi-conducteurs. Selon Bloomberg, le Fonds national chinois d'investissement dans l'industrie des circuits intégrés - National Integrated Circuit Industry Investment Fund - un organisme d'investissement soutenu par le gouvernement, également dénommé « Big Fund », injectera le capital dans YMTC. L'ampleur de l'investissement témoigne des efforts déployés par la Chine pour relancer une industrie nationale de puces électroniques confrontée aux contraintes imposées par les États-Unis et d'autres pays – les Pays-Bas avec ASML notamment - sur ses capacités de production.
Une quête d'autonomie
Selon un rapport de l'agence de presse Xinhua, le mois dernier, le Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois a lancé une troisième étude collective sur le renforcement de la recherche fondamentale dans laquelle le président chinois Xi Jinping exhorte le pays à accélérer la recherche scientifique pour être autosuffisant en technologies vitales. Le président Xi demande aux comités du parti et au gouvernement, de renforcer à tous les niveaux la recherche fondamentale, d’améliorer la coordination générale, d’accroître le soutien politique et de promouvoir un développement d’une recherche de haute qualité. L'Académie chinoise des sciences a aussi présenté un plan pour créer une industrie nationale des semi-conducteurs capable de contrecarrer les sanctions imposées par les États-Unis. L'étude sur le renforcement des capacités de base pour la recherche sur les semi-conducteurs sert à montrer comment la Chine peut gagner la guerre technologique avec les États-Unis.
Davantage d’interdictions commerciales
Alors que la Chine se concentre sur l'autosuffisance, les États-Unis cherchent à l’empêcher d’utiliser des technologies occidentales pour moderniser son armée. Jeudi, l'administration Biden a ajouté 37 entités supplémentaires à la liste des entités frappées de restrictions commerciales, dont des unités de l’entreprise chinoise Inspur spécialisée dans le cloud, au motif qu’elles ont « entre autres choses, contribué à la base industrielle militaire et/ou de défense de la Russie, soutenu la modernisation militaire de la République populaire de Chine (RPC) et facilité ou participé à des violations des droits de l'homme en Birmanie et en RPC », a déclaré le ministère américain du Commerce dans un communiqué. « Si nous identifions des entités qui posent un problème de sécurité nationale ou de politique étrangère pour les États-Unis, nous les ajoutons à la liste des entités afin de nous assurer que nous pouvons surveiller leurs transactions », a déclaré la secrétaire adjointe au commerce, Thea D. Rozman Kendler.
Le ministère américain du Commerce a accusé Inspur de se procurer et de tenter de se procurer des biens américains pour soutenir les efforts de modernisation militaire de la Chine. Début octobre, les États-Unis ont mis en place des mesures de contrôle des exportations qui interdisent aux entreprises américaines de vendre à certains fabricants chinois des semi-conducteurs avancés ainsi que l'équipement nécessaire à leur fabrication (litographie), à moins qu'elles n'obtiennent une licence spéciale. À la mi-décembre, l'administration a étendu ces restrictions à 36 autres fabricants chinois de puces électroniques, dont Yangtze Memory Technologies Corporation (YMTC), cible du dernier investissement du gouvernement chinois. La dernière mesure prise par les États-Unis risque d'attiser les tensions dans des relations déjà tendues avec la Chine.