24 heures. C'est le temps qu'il a suffi au CHU de Rennes pour tester l'installation d'un hôpital de campagne sur le parking du stade Roazhon Park, avec une unité de réanimation de 4 lits, en cas d'événement provoquant de nombreuses victimes (catastrophe naturelle, accident, épidémie, attentat, etc.). Une expérimentation hors les murs qui a, entre autres, demandé la contribution de l'institut de recherche technologique (IRT) b<>com pour déployer une 5G privée. Le service de réanimation nécessite en effet, comme le précise le communiqué des deux partenaires, « une connexion spécifique [au SI du CHU de Rennes] pour les reports d'alarmes, la surveillance visuelle permanente des patients, etc. ».
Le dispositif s'appuie sur un coeur de réseau 5G privée portable Dome3 installé dans une valise, mis au point par la start-up Obvios, filiale de b<>com. Il est connecté à une antenne 5G et à des routeurs pour relier les équipements de monitoring et les caméras au CHU de Rennes. L'ensemble est jugé suffisamment robuste pour transférer de manière fiable, sans rupture et sécurisée « des données médicales et notamment celles de la feuille de soin du patient ».
Un des enjeux majeurs du déploiement de l'hôpital de campagne dans un délai très court résidait en effet dans la garantie de « circulation en temps réel des informations médicales du patient (monitorings réalisés, besoin de soins spécifiques...) entre le site déporté et le CHU de Rennes », comme le précise Eric Gatel, coordinateur du projet Engage 5G & Beyond chez b<>com. L'expérimentation au stade de Rennes a été menée dans le cadre de ce projet, financé par le plan France 2030, qui vise à « construire et opérer un réseau de plateformes ouvertes, nationales et souveraines offrant des services 5G pour la transformation des filières santé, énergie, automobile, agricole et agroalimentaire ».
Reproduire le fonctionnement de l'hôpital
« Nous devons pouvoir exercer dans les meilleures conditions possibles, de façon à nous concentrer sur notre coeur de métier et garantir la qualité et la sécurité des soins prodigués aux patients, rappelle le docteur Adel Maamar, praticien hospitalier en réanimation médicale au CHU de Rennes. Cela suppose une surveillance optimale des patients, l'accès complet à nos équipements et une liaison parfaite de nos outils avec les systèmes d'information du CHU, comme si nous y étions ». Parmi les cas d'usage, une caméra connectée au réseau 5G privée permet ainsi de « déceler les mouvements à risques d'un patient et, en cas d'alerte, de déclencher une alarme vers le poste central et les téléphones mobiles des soignants ».
Il s'agit de reproduire, en extérieur et en situation d'urgence, le fonctionnement au sein de l'hôpital, avec ses équipements - moniteurs, respirateurs... - et son système d'information, comme le rappellent Philippe Cozic et Arnaud Coursin, respectivement ingénieur biomédical et ingénieur applicatif e-santé au CHU de Rennes : « en situation normale au CHU, tous les équipements sont connectés à nos logiciels métiers qui, eux mêmes, sont reliés à nos bases de données, dossiers patients informatisés, etc. [...] En situation exceptionnelle hors les murs, nous devons être capables de délocaliser ces solutions ». Le projet a nécessité la participation de cliniciens, de spécialistes des situations sanitaires exceptionnelles, d'ingénieurs réseau, d'ingénieurs applications e-santé, d'ingénieurs biomédicaux et de référents recherche innovation.
La 5G privée au chevet du CHU de Rennes
L'IRT b<>com a accompagné le CHU de Rennes pour tester l'installation en 24 heures d'un hôpital de campagne relié en 5G privée au SI de l'établissement. Objectif : fonctionner hors les murs comme au sein de l'hôpital, en cas de situation grave impliquant de nombreuses victimes.