Dans trois semaines, le 1er juin exactement, la réglementation Reach (Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals), concernant la logistique des produits chimiques, entre en vigueur en France. Avec pour conséquence l'obligation d'organiser l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques fabriquées ou entrant dans la production industrielle dans les pays de l'Union européenne. A la clé, l'enregistrement sur onze ans des données concernant quelques 30 000 substances existantes, et les divers impacts concernant la communication entre clients et fournisseurs tout au long de la chaîne de valeur liée à chaque substance. Autant dire, un traitement informatique minutieux, voire complexe, à l'égard duquel, depuis le 30 décembre 2006, date de publication de la directive Reach, les grands industriels des secteurs chimie et pharmacie (et les éditeurs de progiciels concernés, SAP en tête) ont, pour la plupart, déjà pris leurs dispositions. Pour autant, l'échéance du 1er juin 2007 étend cette mesure d'évaluation des risques - et les traitements de l'information afférents - à l'ensemble des entreprises utilisatrices. Un impératif synonyme d'ouverture de chantier autant pour le camp des organisateurs que pour celui des informaticiens. Concrètement, selon la procédure mise au point autour de l'Agence européenne de produits chimiques (AEPC) créée à cet effet et basée à Helsinki, les entreprises seront tenues de déclarer les substances en question en se connectant sur la base de données Reach-IT de cette agence. Le délai d'enregistrement courant jusqu'en 2018, afin de tenir compte de la plus ou moins grande complexité d'évaluation selon la substance. De plus, le règlement prévoit un dispositif de partage de données et des coûts pour l'établissement des données spécifiques à chaque substance, avec la mise en place de forum (FEIS, forums d'échanges d'informations sur les substances) appelés à se déployer à partir de juin. Le tout assisté, comme le prévoit la directive Reach, par les services de l'Etat, en l'occurrence un bureau dédié à l'évaluation des risques (BERPC) de la direction générale des entreprises (DGE) au ministère de l'Industrie. Vers un référentiel carbone partagé Autre volet d'implication des entreprises - et de leur système d'information - sur la voie du développement durable, la prise en compte de la « valeur économique de la tonne de CO2 ». L'échéance et l'enjeu sont cette fois à plus long terme. Sachant que les experts intergouvernementaux planchant sur ce sujet en sont encore au début de leur réflexion. Et que cette valorisation ne consiste pas seulement à considérer le dommage associé aux émissions, mais aussi le coût des efforts à consentir pour les réduire, ou encore les marchés d'échanges de quotas d'émissions de CO2 qui émergent ici et là (le puits de carbone de Monaco, par exemple, inauguré en janvier dernier). Les grandes manoeuvres lancées chez les fournisseurs d'équipement informatique (consommation et dégagement de chaleur), visant à sensibiliser les entreprises clientes, ont déjà commencé. Certaines collectivités (par leurs informaticiens, comme les animateurs de l'opération Tic21, organisateurs d'un forum européen des technologies de l'information et du développement durable) s'y mettent. A suivre. * Vertitude : un néologisme apparu en 2004 avec la montée des préoccupations de développement durable, particulièrement usité chez les Sup de Co, où les cursus « management de l'environnement et développement durable » font florès depuis quelques années (dont le 3e cycle de l'école supérieure de commerce de la Rochelle, initié en 1999)