D’après l’interview accordée par Tim Armstrong à la chaîne CNBC, AOL, propriétaire du Huffington Post, de Engadget et de TechCrunch, regroupera toutes ses marques avec Yahoo sous l’entité Oath. « C'est triste pour tous ceux qui se souviennent du temps où Yahoo et AOL caracolaient en tête », a déclaré Dan Olds, analyste chez OrionX. « Pour beaucoup, AOL a été la première expérience de l’Internet et c’était probablement leur première adresse de courrier électronique. Yahoo représentait la première expérience de recherche sur Internet et d'autres services. Malheureusement, ces pionniers n’ont pas tenu le coup face à la concurrence et ont été relégués dans les oubliettes de l'Internet ». « Il est trop tôt pour savoir quelles seront les conséquences de ces regroupements », a déclaré Judith Hurwitz, analyste chez Hurwitz and Associates. « Ensemble, ces deux entreprises possèdent de multiples technologies. Vont-elles proposer des services aux clients ? Vont-elles développer une technologie sous-jacente qui permettra à la nouvelle l’entité à mieux répondre aux changements ? »
Yahoo connaît depuis plusieurs années des difficultés financières, mais conserve une place sur le marché. Le fournisseur a également été victime de deux vols de données massifs. Après une tentative de consolidation, l’entreprise a finalement vendu, en juillet dernier, ses actifs Internet les plus importants à Verizon pour la somme de 4,8 milliards de dollars. Le rachat devrait être bouclé au second trimestre de cette année. En 2015, Verizon a aussi racheté AOL, un autre ancien incontournable de l’Internet, pour 4,4 milliards de dollars. « Ni Marissa Mayer, la CEO de Yahoo, ni Yahoo ont précisé ce qu’elle ferait après ce rachat », mais ReCode a indiqué que celle-ci ne ferait pas partie de l’équipe de Oath.
Des suppressions de postes à prévoir
Selon Rob Enderle, analyste chez Enderle Group, la création de Oath permettra d'économiser de l'argent après la fusion. « Le regroupement permet de maintenir un bon niveau de revenus cumulés et de réduire les coûts en supprimant le personnel redondant et les frais généraux », a déclaré l’analyste. « La nouvelle entité ne sera ni plus innovante ni plus forte, mais cela revient moins cher… Je pense qu’en abandonnant deux marques connues, mauvaise pratique bien documentée, Oath est voué à sombrer dans l’anonymat ». Cependant, en achetant Yahoo et AOL, Verizon s’offre un ticket d’entrée dans le secteur des médias en ligne. Les deux anciens pionniers apportent des personnes expérimentées et une technologie précieuse.
L’analyste d’OrionX, Dan Olds, n'est pas non plus très optimiste sur les chances de réussite de Oath, laquelle réunit deux entreprises anciennes, déjà en difficulté. « Je dirais que cela revient à mettre ensemble deux pierres pour que l’une d’entre elles finisse par flotter », a-t-il déclaré. « Ce n’est peut-être pas très charitable. Les deux entreprises comptent encore quelques utilisateurs, ne serait-ce que leurs services de messagerie. Mais l'une et l'autre entreprise n’apportent pas beaucoup d'actifs de croissance, malgré ce que tentent de nous faire croire les dirigeants. Si ces deux entreprises avaient réussi, elles seraient toujours indépendantes et n’auraient pas été rachetées par Verizon ».
« Cette nouvelle entité n’a rien de très excitant », a ajouté Dan Olds. « L'un des problèmes de Yahoo et d’AOL, à l’époque où elles essayaient de sortir de leur marigot, c’est que tout le monde en attendait beaucoup, beaucoup trop », a-t-il déclaré. « Or, aucune ne pouvait retrouver sa grandeur passée. Je ne pense pas que Oath suscite beaucoup d'attentes, la barre est donc beaucoup moins élevée ».