Lors du forum EMEA du Green Grid à Bruxelles, Paolo Bertoldi, directeur général de la JRC (Joint  Research Center) de la Commission européenne a dressé quelques réussites du code de conduite européen pour les datacenters : une meilleure circulation des flux d'air au sein des bâtiments ou l'utilisation de métriques en matière de consommation énergétique.
Cependant, il constate qu'il y a encore beaucoup de centre de calcul recherchant une température de refroidissement  (22 à 23°C) et un taux d'humidité  faibles. Ces exigences impliquent un usage intensif des climatiseurs. « Nous avons écouté, au sein du groupe travaillant sur les bonnes pratiques, toutes les opinions et points de vue techniques pour arriver à un compromis sur les processus de normalisation comme ASHRAE et ETSI en Europe », explique Paolo Bertoldi. « Nous souhaitons augmenter l'usage du free cooling et beaucoup d'études montrent que certains datacenters fonctionnent en toute fiabilité avec des températures plus élevées. Cela signifie une moyenne de 26 à 27°C avec quelques jours à 30°C. Nous avons donc besoin d'équipements qui soient garantis jusqu'à 30°C ou plus sur une courte période », constate le dirigeant.
Des pratiques archaïques
Dans un rapport récent, « Datacenter Efficiency & IT Equipment Reliability », le Green Grid a déclaré que la perception actuelle de la tolérance à la chaleur à l'humidité des équipements au sein d'un centre de calcul reposait sur des pratiques archaïques datant des années 50. Aujourd'hui, les périodes de chaleur et de forte humidité peuvent être compensées par des périodes plus douces où l'air extérieur et l'eau seraient privilégiés pour refroidir les salles.
Un avis partagé par plusieurs sociétés comme Intel ou Dell qui incitent leurs clients à augmenter la température dans leurs centres de calcul et réduire l'utilisation des climatiseurs. Mais pour Steve Strutt, directeur technique chez IBM pour le cloud au Royaume-Uni et en Irlande, mais aussi membre du Green Grid EMEA, ce changement ne se fera pas du jour au lendemain. « Il ne s'agit pas seulement de changer d'équipements. Il faut aussi adapter les usages et comprendre qu'elles vont être les conséquences, car il y en aura », déclare-t-il.
[[page]]
Il reste aussi à accorder les différentes parties sur la normalisation de ces évolutions. En 2011, l'ASHRAE (American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers) a ajouté deux spécifications datacenters à ses directives A3 et A4, qui élargissent la variation de températures autorisées respectivemnt de 40°C et 45°C. Contrairement aux autres directives qui reposaient sur un consensus dans l'industrie, les A3 et A4 représentent des objectifs ambitieux sur les récents équipements capables de supporter des températures plus élevées.
Une attention particulière sur les risques de pannes
Une orientation qui pourrait être reprise par l'Europe selon Steve Strutt, « mais cela prendra du temps et d'autres questions vont se poser autour de la garantie du support. En fonctionnant avec des températures plus élevées, les pannes peuvent être plus fréquentes et donc entraînent une augmentation des coûts de la garantie des équipements. Qui va assumer ces surcoûts, le fournisseur ou les utilisateurs finaux ? » Pour le responsable, les constructeurs ont déjà de nombreuses garanties couvrant le fonctionnement avec des températures élevées, mais les fournisseurs ont tendance à ne pas les mettre en avant.
Même s'il constate que dans la plupart des villes d'Europe, la probabilité d'avoir des températures extérieures dépassant celles recommandées pour le fonctionnement du datacenter est très faible. « Londres a une température inférieure à 20°C pendant environ 93% de l'année. 2% du temps, elle est supérieure à 25°C. Et cela se compte en heure pour les températures de 30°C »,souligne le dirigeant d'IBM.
Sur les questions de panne, la montée des températures a un impact sur le taux de défaillance des équipements, mais il n'est pas aussi sensible que certains peuvent le penser, estime Steve Strutt. « Si votre datacenter comprend 1000 serveurs, vous aurez en moyenne 4 pannes par an. Si vous fonctionnez avec une température à 32°C pendant un an, vous obtiendrez 1,5 fois plus de pannes, soit 6 au lieu de 4 », conclut le membre du Green Grid.
L'UE veut augmenter la température des datacenters
La Commission européenne appelle à renforcer les actions pour augmenter les températures des datacenters et adopter le free cooling. Une démarche qui prendra du temps selon un membre du Green Grid.Â