Qui va être en charge des .eu ? L’extension européenne des noms de domaine est en effet en quête d’un nouveau propriétaire en lieu et place d’EURid. La Commission européenne est à la manœuvre pour le renouvellement du contrat valable pour une durée de 5 ans. L’heureux élu supervisera 3,6 millions de domaines à partir d’octobre 2022. La direction générale des réseaux, contenus et technologies de la communication de la Commission européenne s’occupe de cette affaire. Son directeur, Pearse O'Donohue, a invité les acteurs du DNS, y compris les opérateurs de registres, à faire acte de candidature.
L’exécutif bruxellois va être très attentif au bon respect de la procédure. D’autres appels d’offres menés ces dernières années ont été entachés d’accusations de corruption, de contestations judiciaires, notamment sur les extensions .co (Colombie), .in (Inde) et .au (Australie). L’UE veut donc éviter les controverses et insiste sur le fait que les candidats doivent être uniquement des organisations à but non lucratif basées en Europe. Ces critères devraient empêcher des sociétés comme Afilias et Neustar (impliquées dans l’affaire de l’extension colombienne) de postuler.
Les critères favorisent-ils EURid ?
De facto, d’autres acteurs seront exclus pour les opérateurs de registres à moins qu’ils ne créent des filiales à but non lucratif en Europe pour répondre à ce marché. Un autre élément clé du contrat .eu sera le multilinguisme. Il pourrait alors désavantager les acteurs anglophones comme les Anglais Nominet ou Centralnic et Minds+Machines. Parmi les autres exigences, « le contractant doit veiller à ce que sa gouvernance interne respecte les principes d'efficacité, d'efficience, de responsabilité, de transparence et de réactivité », précise l’appel d’offres.
Avec l’ensemble de ces exigences, on peut imaginer que l’actuel détenteur TLD .eu, EURid parte favori pour rempiler à sa propre succession. Rien n’est moins sûr cependant, les rapports entre l’UE et EURid ont été mis à rude épreuve notamment pendant la période du Brexit où la Commission a demandé que les noms de domaines en .eu rattachés à des titulaires britanniques soient supprimés dès la sortie officielle du Royaume-Uni. Le registre a perdu des millions de domaines et a vu sa réputation en souffrir. EURid ne peut même pas compter sur l’aspect financier pour séduire la Commission. Les 12,6 millions d’euros de recettes annuelles du .eu sont une goutte d’eau dans le budget de l’Union européenne. L’extension est considérée comme une vitrine. « Le but du TLD .eu est de contribuer à renforcer l'identité de l'Union et à promouvoir les valeurs de l'Union en ligne, telles que le multilinguisme, le respect de la vie privée et de la sécurité des utilisateurs, le respect des droits de l'homme, ainsi que les priorités spécifiques de l'Union dans le domaine numérique », précise l’appel d’offres.