L'Open Source n'est pas une religion pour les grands comptes
Oui à l'Open Source dans les systèmes d'informations des grandes entreprises françaises, mais pas à tout prix. C'est un des messages qu'on pouvait retenir lors d'une table ronde, organisée à l'occasion de la 2e édition de Paris Capitale du Libre (les 13 et 14 juin au Palais des Congrès), sur le thème "Quelles stratégies d'utilisation des logiciels libres dans les grands comptes". Tous les intervenants sont tombés unanimes : si les logiciels Open Source sont bien vecteurs de valeur, accélérateurs d'innovation et catalyseurs d'intéropérabilité, ils ne constituent pas systématiquement la réponse aux problèmes très complexes que l'on trouve dans les pharaoniques systèmes d'information des grands comptes. Aucune chance, par exemple, de voir une DSI choisir un logiciel Open Source par simple religion ou engouement sociétal.
« Le niveau dans les applications libres n'est pas suffisant pour faire des produits comme les nôtres dans la production », confesse Jean Saas, DSI de Dassault. « Si OpenOffice n'est pas à niveau, on ne va pas l'utiliser », schématise-t-il, devant une audience tout acquise à l'Open Source. Lui, comme Jean-Pierre Barberis, directeur général de Bull, préconise davantage la mixité des plateformes, où « on combine et assemble des technologies ». « Le Libre me permet d'évoluer dans des domaines où je n'aurais pas pu évoluer avec Microsoft ou IBM. [...] L'innovation est un bouquet de technologies pour faire du business », commente Jean Saas. Et Jean-Pierre Barberis de rebondir : "le Libre assez ciblé est très pertinent et efficace ».
Les DSI aux prises avec l'héritage applicatif
Si le Libre permet bien de remettre de l'innovation dans le système d'information, Jean-Pierre Corniou, président d'EDS Consulting, insiste sur le fait que la base installée, tant applicative qu'humaine, est l'obstacle n°1 de la DSI. « Le frein en informatique, c'est le passé ».
Autre frein souligné par Jean-Pierre Corniou, l'anonymat du Libre, où l'absence de marque est notable. Mais note-t-il avec optimisme, cela tend à se réduire avec l'arrivée de grands éditeurs, qui représentent des marques. Comme IBM représentait le PC à sa création.