Dans les mois qui viennent, Matt Morse, principal administrateur informatique de Varian Medical, un fabricant californien d'appareils médicaux et de logiciels pour les hôpitaux et les cliniques présent dans 60 pays, prévoit de vivre une valise à la main et de parcourir le monde dans le seul but de mettre en place l'utilisation de l'iPhone (et peut-être de l'iPad) dans son entreprise. Il va consacrer du temps à élaborer, pour l'iPhone, une stratégie qui s'inscrive dans l'infrastructure informatique existante et réponde aux exigences de sécurité et de budget. Il a même prévu de faire suivre cette mise en place par des tests pratiques. Et si tout va bien, l'an prochain, il commencera à déployer l'iPhone auprès de ses employés qui travaillent sur le terrain, en remplacement du BlackBerry. « Je pense que cette phase d'expérimentation et de validation du concept prendra au moins six mois, » a déclaré Matt Morse. « Il y a tellement de choses à apprécier dans une nouvelle plate-forme ! »


Lorsque Steve Jobs, le PDG d'Apple, a dévoilé l'iOS 4, anciennement iPhone OS 4.0, les PDG et les analystes techniques se sont réjouis des fonctionnalités que ce système d'exploitation apporterait au monde de l'entreprise. Il offre la possibilité de distribuer en interne des applications en mode sans fil, le multitâche, la protection des données pour les applications et le courrier électronique, la possibilité de réaliser les mises à jour des appareils mobiles, et le support du SSL VPN via des applications Juniper et Cisco, entre autres. Mais l'iOS 4 qui sera livré au grand public cet été ne suffira pas à ouvrir immédiatement les portes de l'entreprise à l'iPhone. Au contraire, ce ne sera que le début de la longue marche que le smartphone de la pomme va devoir entreprendre pour conquérir le monde professionnel. Et pour des spécialistes comme Matt Morse, « il reste encore beaucoup à faire. »

 

L'équation de la sécurité

Au cours des cinq dernières années, les salariés de Varian ont eu des BlackBerry à leur disposition pour les aider dans leur travail. En première ligne sur le terrain, aussi bien pour les ventes que pour le service, ils se sont appuyés sur le système de messagerie collaboratif Microsoft Exchange, réalisant quelques incursions dans SharePoint, Office Communicator et VoIP. Par ailleurs, grâce au logiciel propriétaire de services mobiles en ligne appelé MSO (Mobile Services Online) qu'a développé Varian, les techniciens de terrain équipés de BlackBerry peuvent se connecter en toute sécurité à leur back-office SAP. Avec MSO, ils peuvent notamment gérer les billets émis pour le service à la clientèle sans avoir à ouvrir un ordinateur portable, consulter les plannings, les ordres d'expédition, répartir les ressources, pour finalement assurer un temps de réponse « dans les 10 minutes. »

« Il y a trois ans, lorsque l'iPhone est arrivé, les cadres de Varian ont été séduits par l'interface. Et chaque année, les employés ont réclamé de plus en plus d'iPhone, » raconte Matt Morse. Avec la sortie de l'iPhone 3G, lui et son équipe ont dû officiellement assurer la prise en charge du mobile d'Apple. Aujourd'hui, chez Varian, un mobile sur trois est un iPhone. Mais aucun des techniciens travaillant sur le terrain - soit environ 1 600 dans le monde - n'est autorisé à remplacer son BlackBerry par un iPhone. Du moins, pas pour l'instant. Essentiellement parce que, pour travailler, les techniciens dépendent impérativement de MSO et celui-ci n'existe pas encore sur iPhone en raison de questions de sécurité persistantes, de fiabilité et de problèmes de gestion. « Avec EBS, le BlackBerry permet l'intégration aux systèmes de l'entreprise, et nous procure le niveau de sécurité nécessaire comme il nous permet de gérer les mobiles à distance, » explique Matt Morse. « Nous pouvons modifier nos politiques d'accès, garantir une plus grande disponibilité de service et assurer une meilleure surveillance que nous ne le pourrions avec un dispositif de type Active Sync pour l'iPhone. »

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« Mais avec ses promesses de sécurité et de fonctionnalités de gestion, iOS 4 place potentiellement l'iPhone à parité avec le BlackBerry, » estime  Matt Morse. Bien sûr, il faudra attendre la sortie de la version finale pour le savoir avec certitude. « J'ai évalué une préversion du SDK, mais ici nous ne jouons pas avec les versions bêta, » a-t-il convenu. « L'iPhone 4.0 nous offre l'occasion de démarrer une véritable expérimentation des possibilités de ce matériel. » Autre facteur qui va dans le sens de ce déploiement : Varian a utilisé MobileManager de Zenprise pour effectuer la gestion des BlackBerry, qui permet aux départements informatiques d'identifier l'utilisateur de l'appareil mobile, comment il accède au réseau, et avec quelle version de l'OS il travaille. Or MobileManager de Zenprise prend désormais en charge l'iPhone.


Avant que Matt Morse ne donne le feu vert à ses techniciens sur le terrain les autorisant à utiliser le smartphone d'Apple, il devra également généraliser l'iPhone 3GS en raison de son dispositif de cryptage, la normalisation en cours sur l'iPhone 3G ne suffisant pas aux techniciens de terrain qui ont besoin d'un niveau plus élevé de sécurité.

Objectif final : des Web Apps rapides à déployer

Cependant, la sécurité et la gestion ne sont qu'une partie de l'enjeu pour le choix de l'iPhone dans l'entreprise. Ce terminal mobile propose une plate-forme très riche en matière de développement et d'architecture de services. Et Matt Morse explique qu'il doit considérer non seulement ce que l'iPhone apporte, mais aussi « ce qu'il pourra permettre de faire à l'avenir «  (et si Apple et l'iPhone seront en mesure d'y faire face). « C'est une vraie question. »

Mais il n'hésite pas à s'emballer, par exemple, sur le potentiel de l'iPhone comme débouché pour les applications en ligne « Ce qui est très attractif avec les applications web, c'est leur possibilité de développement rapide et donc de mise à jour. Imaginez un logiciel MSO dynamique : les iPhone et les iPad deviendraient des rock stars en matière de solution, » assure-t-il. «Nous ne parlons pas seulement d'appareil mobile avec une technologie dotée d'une interface glamour, nous parlons d'un appareil qui permet aux gens de faire leur travail, de résoudre des problèmes, et pour lesquels nous pouvons constamment faire évoluer l'outil principal. »

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D'ici là, Matt Morse devra rencontrer les managers de terrain, les ingénieurs et les installateurs de son entreprise partout dans le monde pour apprécier dans quelle mesure un iPhone ou un iPad peuvent améliorer leur travail. Est-ce que la géo-localisation de l'iPhone permettra de mieux répartir les ressources? Est-ce que les réseaux sociaux mobiles seront plus efficaces ? Quelles sont les données que l'iPhone devra traiter ? Va t-il faciliter l'interaction avec le client ? «Il y a un nombre de choses étonnant à découvrir parce que les capacités de l'iPhone sont énormes,» dit-il. « Cela nous oblige aussi à réduire notre champ à des applications viables, et à ne pas nous laisser disperser, où nous ne réussirions jamais à réaliser ce déploiement. »