Changer de nom pour se renouveler est chose courante dans les partis politiques. Facebook en fait aujourd'hui l'expérience et fait le pari de changer son nom pour Meta, un clin d’œil à « metaverse », ce monde virtuel peuplé d'avatars. La maison-mère anciennement Facebook - qui regroupe les réseaux sociaux Facebook, Instagram et la messagerie WhatsApp ainsi que la société Oculus VR (casques de réalité virtuelle) – devient donc Meta, pour « [aller] au-delà des écrans 2D et s'orienter vers des expériences immersives comme la réalité augmentée et virtuelle pour aider à construire la prochaine évolution de la technologie sociale ».
Dans un communiqué, la firme annonce donc que le « metaverse » ressemblera à « un hybride des expériences sociales en ligne d'aujourd'hui, parfois étendu en trois dimensions ou projeté dans le monde physique. Il vous permettra de partager des expériences immersives avec d'autres personnes, même si vous ne pouvez pas être ensemble, et de faire ensemble des choses que vous ne pouviez pas faire dans le monde physique. Il s'agit de la prochaine évolution d'une longue lignée de technologies sociales, et elle ouvre un nouveau chapitre pour notre entreprise ».
Une modification de son orientation
A l’occasion de sa conférence annuelle Connect – qui réunit des développeurs de réalité virtuelle et augmentée, des créateurs de contenu, des spécialistes du marketing et bien d'autres personnes – le géant des réseaux sociaux s’est penché sur les conséquences d’un métavers dans les dix prochaines années – « de la connexion sociale au divertissement, en passant par les jeux, le fitness, le travail, l'éducation et le commerce ». D’autres outils ont été présentés comme complémentaires pour le métavers, notamment Presence Platform, pour expérimenter la réalité mixte sur le casque Oculus Quest 2, et un investissement de 150 millions de dollars dans l'apprentissage immersif pour former la prochaine génération de créateurs.
Avec le metaverse, Mark Zuckerberg imagine un monde où chacun se téléportera instantanément sous forme d'hologramme. (Crédit : Meta)
La firme de Menlo Park a précisé que si sa structure d'entreprise n'évoluera pas, la façon dont il présente ses rapports financiers changera. Dès le quatrième trimestre de cette année, la firme « [prévoit] de présenter deux segments d'exploitation : Family of Apps et Reality Labs ». Cette précision fait écho à ce que Google avait fait en 2015 en changeant le nom de sa holding pour Alphabet, se réorganisant par la suite en filiales - d’une part, pour gérer les fonctions de recherche, les apps, la publicité et la cartographie (Google, Gmail, Android, YouTube…) et d’autre part, ses activités qui se consacrent chacune à leur domaine (Google X, Calico, Nest, Fiber et Waymo).
Redorer son blason
Avec cette annonce, Mark Zuckerberg espère laver la mauvaise image qui colle à la peau de Facebook depuis plusieurs années. Le scandale de Cambridge Analytica, la plainte déposée par la Federal Trade Commission (FTC) et une coalition de 48 Etats pour entrave à la concurrence mais aussi, plus récemment une panne mondiale et les révélations de Frances Haugen, ancienne employée de Facebook et lanceuse d’alerte, ont fini par entacher la firme. La lanceuse d’alerte sera d’ailleurs entendue par les députés de la commission des lois et des affaires économiques le 10 novembre prochain à l’Assemblée. Pas sûr qu'un simple changement de nom suffira à effacer les mauvaises pratiques de la plateforme.
Alors que le groupe prévoit, que d’ici 10 ans, « le metaverse touchera un milliard de personnes, hébergera des centaines de milliards de dollars de commerce numérique et fournira des emplois à des millions de créateurs et de développeurs », il apparaît compliqué de garder un nombre aussi élevé d’utilisateurs mensuels (2,90 milliards d’utilisateurs mensuels au T2 2021) quand on sait que son cœur de cible - les plus jeunes et en particulier les mineurs - a déserté le réseau social. Mark Zuckerberg a par ailleurs vouloir « privilégier le metaverse, et non plus Facebook » et précise « qu'au fil du temps, vous n'aurez plus besoin d'un compte Facebook pour utiliser nos autres services ». Ce projet, aux allures utopiques pour certains, possède également certains traits caractéristiques d'une dystopie et devra encore prouver ses bonnes intentions dans les années à venir.