Sept entreprises veulent obtenir le nom de domaine « news », huit demandent « music » ou « movie », et sept réclament « love ». Quatre désirent « pizza », deux « sex » et enfin une « unicorn ». Voici quelques exemples des 1930 demandes de création et d'exploitation de noms de domaine génériques de premier niveau (generic Top-Level Domain ou gTLD) révélés par l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). Rappelons que cet organisme coordonne les DNS (Domain Name System), en sélectionnant les registrars et établie les règles pour la gestion des noms de domaine de premier niveau, comme .com, .org, .info et .biz.
Le gTLD "google" a été revendiqué par une société baptisée Charleston Road Registry avec 100 autres noms, dont "search", "magasin" et "youtube". Cette entreprise semble agir pour le compte de Google. Charleston Road est en effet le nom d'une rue traversant le campus de Google à Mountain View. « App » a été demandé par 13 sociétés, dont Amazon, par le biais de sa filiale européenne, et Google. En France, Airbus a réclamé son propre registrar, l'hébergeur OVH a demandé « ovh », la mairie de Paris le nom de la ville et la collectivité territoriale de Corse « corsica ».
185 000 dollars pour enregistrer un de ces noms de domaine
Le groupe automobile Chrysler veut s'approprier "chrysler", "dodge" et "jeep", entre autres, un exemple classique de la façon dont l'Icann prévoit que les nouveaux noms de domaine serviront à promouvoir des marques. Malgré les avertissements sur les éventuelles batailles qu'il aurait pu avoir pour le contrôle de noms génériques tels que «cola», ni Pepsi ni Coca-Cola n'ont pas demandé le terme - ni même de noms génériques pour leurs propres marques. Il est vrai que le dépôt d'un de ces nouveaux gTLD coûte 185 000 dollars !
Les demandes sont issues de 60 pays, a déclaré le PDG  de l'Icann, Rod Beckstrom, lors d'une conférence de presse à Londres. L'Amérique du Nord représentait 911 des demandes, l'Europe 675, la zone Asie-Pacifique 303, l'Amérique latine 24 et l'Afrique 17. La plupart des noms de domaine demandés sont de type latin, le seul alphabet qui pouvait être utilisée pour les gTLD jusqu'à ces dernières années. Cependant, 116 des demandes sont des noms de domaine internationaux (IDNs), c'est à dire qu'elles reposent sur des caractères non ASCII, a indiqué M. Beckstrom. Le système des IDNs n'a été normalisé et déployé dans le monde entier que récemment.
Attention à la confusion
En permettant la création de nombreux nouveaux gTLD, l'Icann espère faire bénéficier les consommateurs d'une plus grande concurrence entre les registrars. De nombreuses voix se sont toutefois élevées pour souligner que ce mouvement est susceptible de créer plus de confusion et que les entreprises devront dépenser beaucoup d'argent pour défendre leurs marques avec tous ces noms de domaines en service. L'Icann fait de son mieux pour limiter toute forme de confusion parmi les nouveaux gTLD, a déclaré M. Beckstrom. « Aucun d'entre eux n'entrera en service sur Internet tant qu'il n'aura pas subi un examen rigoureux », a-t-il dit.
En plus d'un examen réalisé par les experts de l'Icann pour s'assurer qu'il n'y a pas de confusion possible entre les gTLD, et que les requérants sont aptes à assurer le fonctionnement d'un registrar, les noms de domaines doivent aussi se soumettre aux remarques du public, aux contestations fondées sur la contrefaçon de marque ou encore aux questions de moralité publique. Certains de ces noms de domaine seront mis en compétition parce qu'ils sont trop populaires : 213 gTLD ont été réclamés par deux ou plusieurs candidats, ce qui fait environ 751 demandes d'usage pour ces cas particuliers, a déclaré M. Beckstrom.
L'ICANN prévoit de publier les résultats de ses évaluations initiales en décembre ou janvier, a précise le premier vice-président de l'organisation, Kurt Pritz,  lors de la conférence de presse à Londres.