La conception des implémentations IoT est souvent compliquée par la grande variété des composants provenant de surcroit de fabricants différents. Sans compter que la mise en réseau et le back-end sont souvent confiés à des prestataires différents. Pour savoir quel réseau sera plus adapté à une implémentation donnée, nos confrères de Network World ont mis au point une taxonomie de base qui permet d'évaluer approximativement les points IoT terminaux. L'évaluation prend en compte trois éléments principaux : la tolérance aux délais, le débit de données et la puissance de traitement. (Note sur la terminologie : « IoT setup » ou « implémentation IoT » désignent l'ensemble de l'infrastructure IoT utilisée par une entreprise donnée.)
Tolérance aux délais
Beaucoup d'implémentations IoT n'ont pas besoin de la tolérance aux délais de l'ordre de la milliseconde offerte par les réseaux d'entreprise traditionnels. Cette marge permet d'envisager un grand nombre d'options de connectivité réseau. Elle signifie aussi que le choix d'un composant moins cher peut s'avérer tout à fait efficace. Par exemple, un parcmètre connecté n'a pas besoin de signaler son état à la ville plus d'une fois par minute. Donc, une option sans fil avec délai, comme le protocole radio de communication à bas débit LoRaWAN est parfaitement acceptable. Certains systèmes de ce type utilisent même des services SMS cellulaires standard pour renvoyer les mises à jour vers les hubs centraux.
Pour les applications moins tolérantes aux délais, comme une ligne de production ou l'extraction de pétrole et de gaz, il convient d'utiliser l'Ethernet industriel ou des liaisons sans fil à latence particulièrement faible. En général, les systèmes d'orchestration plus anciens savent bien gérer le traitement des instructions et la coordination entre machines, mais l'ajout de fonctions d'analyse de données en temps réel peut accroitre les exigences du réseau
Débit de données
Encore une fois, les professionnels de la mise en réseau habitués aux implémentations de plusieurs mégabits par seconde peuvent revoir leurs pratiques à la baisse, car beaucoup de périphériques IoT n'ont pas besoin de plus de quelques kilobits par seconde, voire même moins. C'est le cas de dispositifs intelligents à faible bande passante comme les serrures de porte et les interrupteurs d'éclairage connectés dont la fonction se limite à « ouvrir » ou « fermer » et « allumer » ou « éteindre ».
Ce type d'appel très limité sur une liaison de données permet d'utiliser une technologie sans fil moins performante. Le WAN basse consommation et le Sigfox n'ont peut-être pas la bande passante nécessaire pour traiter de grandes quantités de trafic, mais ils sont bien adaptés aux connexions n'impliquant pas la circulation de grandes quantités de données, et ils peuvent couvrir des zones importantes. La portée du Sigfox est de 3 à 50 km selon le terrain, et celle du Bluetooth couvre de 100 à 1 000 mètres, selon la classe utilisée.
Inversement, une configuration IoT impliquant plusieurs caméras de sécurité connectées à un concentrateur central et à un back-end pour l'analyse d'images nécessitera beaucoup plus de bande passante. Dans ce cas, il est important de choisir un composant réseau performant, et par conséquent plus cher. De plus, des appareils déployés en nombre pourraient nécessiter une connexion LTE dédiée, voire même être équipé d'une microcellule propriétaire pour assurer la couverture adéquate.
Le vaste monde des points terminaux IoT (Crédit : Network World/IDG)
Puissance de traitement
Il est certain que l'évaluation de la capacité d'un appareil IoT à traiter lui-même ses données repose sur une mesure quelque peu indirecte de son impact sur le réseau. Mais il est toujours pertinent de comparer cette capacité avec d'autres appareils qui remplissent une fonction similaire. Un appareil qui diffuse des données brutes en continu sur le réseau, sans effectuer d'analyse ou de mise en forme significative, peut représenter une charge de trafic plus importante que celui qui effectue au moins une partie du travail.
Ce n'est pas toujours le cas, bien sûr. Beaucoup d'appareils moins performants générant peu de données ne risquent pas de saturer les connexions réseau dont ils disposent, alors que d'autres appareils plus performants (par exemple, des robots industriels dotés d'une grande capacité de traitement des données qu'ils collectent) peuvent générer beaucoup de trafic. Donc, la puissance de calcul embarquée d'un appareil est toujours pertinente pour le comparer à d'autres appareils effectuant des tâches similaires, notamment dans le secteur industriel ou celui de l'exploitation énergétique qui ont besoin de réaliser de nombreuses analyses à un endroit ou un autre, soit au niveau de l'appareil, soit à la périphérie du réseau ou dans le back-end.
Cette comparaison est encore plus pertinente dans le cas d'une configuration edge, où une partie ou la totalité de l'analyse des données est réalisée au niveau d'une passerelle edge, elle-même située à proximité des points terminaux. Ces passerelles peuvent être une bonne solution pour effectuer des analyses assez compliquées le plus près possible du temps réel. Mais ces passerelles edge n'offrent pas les mêmes ressources qu'un datacenter complet ou qu'un cloud, si bien que la quantité de tâches pouvant être effectuées au niveau du terminal lui-même reste une préoccupation cruciale. La possibilité de transformer l'information brute en analyse au niveau du périphérique edge permettra de réduire le trafic qui faudra acheminer sur le réseau.