La Commission européenne s'est associée avec le secteur privé pour investir 5 milliards d'euros dans le secteur électronique en Europe. L'initiative, nommée Electronic Components and Systems for European Leadership (ECSEL) a pour objectif de soutenir l'industrie électronique en Europe et de l'aider à faire face à la concurrence mondiale, aux coûts de recherche élevés et au rythme rapide du développement technologique.
« L'initiative doit contribuer à faire travailler ensemble les constructeurs, les entreprises technologiques, les concepteurs de puces, les développeurs de logiciels, les chercheurs et les universités européens dès les premiers stades de développement des produits et des services afin de rapprocher la recherche des besoins du marché », a indiqué la Commission hier lors du lancement d'ECSEL.
« Aujourd'hui, notre croissance vient de l'innovation, or, cette innovation dépend de plus en plus de la technologie numérique, et la quasi-totalité de cette technologie repose sur des puces ou des systèmes tournant sur des puces », a déclaré Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne, chargée de la stratégie numérique, dans son discours. « Quel que soit le lieu où l'on se trouve, de la maison à l'hôpital, en voiture ou dans votre poche, peu d'entre nous pourraient aujourd'hui imaginer la vie sans ces innovations auxquels ces produits nous permettent d'accéder. Quel que soit le défi - accroître la productivité industrielle ou résoudre l'impact des changements climatiques - il y a de fortes chances qu'un produit électronique soit impliqué quelque part dans le processus », a-t-elle encore déclaré. Neelie Kroes espère aussi que l'initiative ECSEL va aider le secteur des technologies européen à rester compétitif.
1,18 milliard d'euros investis dans l'initiative ECSEL
L'UE va investir 1,18 milliard d'euros dans l'initiative ECSEL. Les états membres et non membres de l'UE investiront quant à eux 1,17 milliard d'euros. « 2,34 milliards d'euros supplémentaires seront apportés par des partenaires industriels », a précisé la Commission. Le programme fonctionnera jusqu'en décembre 2024. Il doit compléter l'initiative ARTEMIS consacrée aux systèmes intégrés, l'initiative ENIAC pour la nanoélectronique et la plateforme technologique européenne ou European Technology Platform (ETP) pour l'intégration des systèmes intelligents, toutes mises en place en 2008. La première série de projets ECSEL pourra être soumise entre le 9 juillet et le 17 septembre. Les avis sur les financements seront rendus publics mi-décembre. « À ce jour, environ 1500 entreprises, instituts de recherche et universités européens ont fait part de leur intérêt pour cette initiative et comptent proposer au moins 74 projets pour récolter 2,9 milliards d'euros de financement au premier tour de table », a déclaré Alun Foster, qui a en charge la diffusion et la valorisation de ECSEL. « Tous les projets soumis ne seront pas financés. À vue de nez, on peut estimer que seul un quart d'entre eux recevront une aide financière », a-t-il précisé.
Certains projets technologiques plus anciens, partiellement financés par des fonds de l'UE, sont déjà sur le point d'aboutir. C'est le cas par exemple du projet PASTA (Platform for Advanced Smart Textiles Operations), axé sur le packaging électronique et la technologie d'interconnexion pour produire des textiles intelligents. Le projet a travaillé sur la production de draps de lit capables de contrôler la température d'un patient et de suivre d'autres indicateurs de santé. « Cette technologie pourrait également être utilisée dans le sport, la logistique et la construction », a indiqué la Commission.
Un autre projet concernant aussi le secteur de la santé et financé en partie avec l'argent de l'UE, combine un système de diagnostic équipé de cartes à puce, des patches à coller sur la peau avec un lecteur portable qui envoie des résultats de test à un ordinateur distant, une tablette ou un smartphone en passant par le réseau WiFi de l'établissement hospitalier. Le système, développé par l'entreprise espagnole POC MicroSolutions, peut être utilisé pour suivre l'évolution du cancer du côlon, identifier les bactéries dans les aliments et surveiller le niveau de contamination de l'environnement.
L'initiative ECSEL est un élément clé de l'Electronics Strategy for Europe lancée par la Commission en mai 2013. Celle-ci s'est donnée jusqu'à 2020 pour doubler la production de micropuces électroniques dans l'UE et atteindre 20 % de la production mondiale, porter l'investissement dans l'industrie à 100 milliards d'euros et créer 250 000 emplois.