« Après une longue période de Covid, je suis ravi de voir un si grand nombre de personnes à Paris », s'est félicité Rajiv Ramaswami, CEO de Nutanix lors de son événement .NEXT on Tour qui s'est déroulé au Palais des Congrès ce 21 novembre 2023. Prenant acte du changement des modes de consommation des données (hybridation, multicloud, edge...) des entreprises, le fournisseur en a profité pour glisser quelques indicateurs de son étude annuelle maison auprès des DSI. « 99 % des DSI ont déjà déplacé leurs applications d'une plateforme vers une autre et la plupart disent que ce n'est pas simple et que cela coûte cher », poursuit le CEO. « Dans un monde multicloud trop complexe et trop cher, ils cherchent à échapper aux silos en tirant les bénéfices d'une plateforme unifiée pour gérer toutes leurs données ».
Acteur historique de l'hyperconvergence, Nutanix a évoqué devant un parterre de 1 500 clients et partenaires français le tournant du groupe vers la fourniture de services multicloud et de solutions à la demande, le fameux projet Beacon évoqué lors de sa conférence Next 2023 à Chicago en mai dernier. « Il s'agit d'un projet long terme », concède toutefois Rajiv Ramaswami. Cette solution doit apporter des bénéfices tangibles pour les entreprises que l'éditeur considère d'ailleurs de plus en plus comme des fournisseurs de logiciels internes. « Cela va permettre de construire facilement des applications qui ont un besoin de puissance de calcul, s'appuient sur des runtime Kubernetes ayant besoin de bases de données et du caching au sein du cloud public ». Autre sujet évoqué pour surfer sur la tendance actuelle, l'IA avec la disponibilité générale de son offre GPT in a box annoncée en août dernier. « Les entreprises sont intéressées par l'IA, mais plutôt aujourd'hui pour de l'expérimentation; il faudra encore attendre 1 à 2 ans pour des implémentations en production », a précisé lors d'un point presse Rajiv Ramaswami.
Une traction des PME avec OVH en France
Revenons quelques instants sur projet Beacon : prometteur, ce dernier n'en reste pas moins encore bien lointain. Aujourd'hui, les entreprises ont surtout le nez dans le guidon pour rechercher à maitriser plus efficacement la gestion de leurs infrastructures, réduire les coûts et améliorer la maintenabilité de leurs systèmes tout en réduisant les ressources humaines allouées aux tâches de gestion et d'administration IT. Nutanix en est pleinement conscient et compte bien profiter du séisme provoqué par le rachat de VMware, son principal concurrent, par Broadcom pour gagner des affaires. « Beaucoup de prospects sont inquiets avec ce qui se passe avec Broadcom », a fait savoir Rajiv Ramaswami. « Cela prendra du temps car VMware est un peu collant pour les applications des clients et sortir de ce verrouillage prendra jusqu'à 3 ans ».
En termes d'adoption produits, Nutanix met volontiers en avant l'intérêt pour ses offres Cloud Clusters (NC2), Kubernetes Engine (ex Karbon) et Database Service (ex Era). Concernant le développement de son activité, le fournisseur souligne par ailleurs le dynamisme de la zone EMEA au point d'en faire désormais une priorité. « Cette zone est devenue si importante en nombre de clients par rapport aux Etats-Unis que nous allons organiser notre prochaine conférence mondiale .NEXT l'année prochaine à Barcelone », souligne Rajiv Ramaswami. Pour Sammy Zoghlami, vice président senior EMEA de Nutanix, la percée en Europe n'est pas surprenante, la société revendiquant un positionnement historique orienté à l'international. Il n'empêche que les fournisseurs IT américains réalisant la plus grande part de leur business sur le vieux continent ne courent pas les rues. « En France, nous avons une bonne traction locale avec OVH qui nous permet d'accélérer et de toucher le segment des petites et moyennes entreprises », explique le dirigeant. « Ce segment n'est pas encore bien équipé en solutions flexibles, simples et automatisées ». Une autre particularité du marché hexagonal est liée aux enjeux de souveraineté : « cela devient un critère clé pour de plus en plus de clients surtout du secteur public », poursuit Sammy Zoghlami - sans toutefois avancer de chiffres concernant cette activité - et soulignant par ailleurs la bonne réception des dernières offres poussées en partenariat avec Microsoft et Cisco. « Nous avons déjà signé trois clients en Europe, c'est très rapide et il y a beaucoup d'implémentations de ce type sur le marché », a précisé le dirigeant français concernant la dernière offre conjointe Cisco Compute Hyperconverged with Nutanix récemment lancée.
Des enjeux clients français variés
Lors de ce point presse, plusieurs clients ont témoigné dont Cdiscount qui a indiqué faire tourner plus de 90 % de ses 4 000 machines virtuelles sur Nutanix avec à la clé un gain notable en termes d'ETP en passant de 6 personnes (bases de données, réseau et administration) à 1 seule. En parallèle pour réduire les coûts, le poids-lourd du e-commerce a également basculé une partie de ses infrastructures physiques vers des systèmes Lenovo et AMD, avec deux-tiers de ses serveurs virtualisés pour répondre à des cas d'usage orientés bases de données et services à faible latence. Si les gains ont été nombreux, quelques problèmes sont survenus, comme sur la partie gestion du réseau. En effet, lors d'une récente mise à jour, un cluster a souffert d'une augmentation de latence et amené Cdiscount à activer son PRA. Le problème a pu être résolu avec un support et un soutien multi-régions (Inde, Etats-Unis et France) de la part de Nutanix. Actuellement le groupe teste NKE et installe des monsters VM pour des machines atteignant 32-64 vCPU et 128 Go de RAM avec en tête de « virtualiser à fond » ses datacenters à des fins de réduction de son empreinte carbone.
Du côté de l'éditeur en signature électronique de documents Vialink, Nutanix a été choisi pour gagner du temps d'administration et de mise à jour de ses systèmes (bios, cartes HBA, SSD...). Grâce à son outil Move, Vialink a été capable d'industrialiser la migration de format de VM mais pointe toutefois un écueil : « de virtuel à virtuel c'est bien mais de physique vers virtuel il n'y a pas de solution native pour du one shot physique vers Nutanix ». L'éditeur a mis en place deux clusters de 4 noeuds pour un total de 150 VM, l'un pour la bureautique, le ticketing, la recette, et l'autre pour la plateforme de production. Le groupe affirme par ailleurs que ses développeurs sont très contents de Karbon pour héberger leurs containers après l'arrêt du support de Rancher OS. Autre problème rencontré mais sans gravité, un plantage dû à de la saturation mémoire lié à un cascading au niveau d'AOS qui a provoqué une mise en sécurité système et nécessité un redémarrage qui s'est bien passé.
Une intégration poussée
Pour mettre un terme à des problèmes récurrents de production - avec à la clé jusqu'à un jour d'indisponibilité de services utilisateurs - la mairie d'Aubervillers a profité d'un go financier pour investir dans « un vrai SI ». Exit les systèmes IT à base de bric et de broc montés avec des pièces usées issues de brokers : une proposition réalisée via OBS a orienté la collectivité vers un changement de son infrastructure, avec la mise en place d'une salle informatique sécurisée et redondée, et le déploiement de deux clusters de trois noeuds Nutanix pour accroitre la disponibilité de ses services et faciliter son provisionning. La mairie a toutefois pris soin de conserver un serveur bi-processeur physique pour ses bases de données Oracle afin d'éviter un éventuel risque de licensing.
Afin de remplacer une infrastructure VMware qualifiée de « vieillissante », l'enseigne de lingerie Etam s'est aussi tournée vers Nutanix. Deux clusters sur deux sites différents représentant 13-14 noeuds ont été déployés. Un gros axe du projet a tourné autour de la migration d'environnements hétérogènes (RHEL 5, Windows 2000...) et de l'amélioration de la gestion et les workloads applicatifs très variés (Salesforce, SAP...). A noter que trois clusters NKE ont été déployés en parallèle : « La mise en place du PRA et des points de récupération répliqués en asynchrone a été simple grâce aux politiques de NKE reposant sur des tags », a indiqué un responsable informatique d'Etam. « Sans cluster actif-actif sur K8s on remonte l'instance en 10mn ou simplement via une commande Terraform ».