L'Europe divise par deux ses prévisions de croissance des TIC pour 2009
L'Observatoire européen des technologies de l'information (EITO) a exceptionnellement revu ses prévisions de dépenses dans les TIC pour tenir compte des effets de la crise. Et pour reprendre les propos de Thomas Mosch, Président de Bitkom Research et membre de l'EITO, la correction est sévère : les pourcentages sont divisés par deux. Néanmoins, l'EITO dit rester optimiste pour le secteur.
Thomas Mosch, président de Bitkom Research et membre de l'EITO (Observatoire européen des technologies de l'information), a livré hier les prévisions de l'EITO, à l'occasion de la présentation des thèmes retenus pour le prochain Cebit (ce dernier étant un sponsor de l'Observatoire). « Normalement, a expliqué Thomas Mosch, la mise à jour [des chiffres] aurait dû avoir lieu en mars, mais vu les événements actuels, nous avons décidé de réaliser une mise à jour en novembre. » Après avoir compilé des chiffres fournis par des cabinets dans tous les pays de l'Europe de l'Ouest (PAC et Idate en France), l'EITO a constaté une première inquiétante : quatre trimestres consécutifs « d'attentes mauvaises pour l'avenir ».
Du coup, alors que la croissance prévue pour l'industrie IT de l'Europe de l'Ouest en 2009 était de 4% (ce qui était déjà relativement faible par rapport aux années précédentes), elle n'est plus que de 2%. Dans les télécoms, la correction est encore plus importante : 0,3% contre 1,3%. Car ce secteur sera touché « non seulement par la crise financière, mais aussi par la régulation du prix des télécoms », a expliqué Thomas Mosch, citant par exemple la récente décision de l'Union européenne de plafonner le montant des tarifs pour l'itinérance (roaming).
1,8% de croissance IT en France en 2009 contre 3,8% initialement prévus
Présentant les chiffres pour la France, Frédéric Giron, consultant chez PAC, a lui employé le terme de « décélération forte pour 2009 ». Prévue à 3,8% lors des résultats présentés en mai dernier, la croissance dans l'IT en France en 2009 devrait n'être finalement que de 1,8%. Les télécoms étant plus à l'abri : la croissance pour 2008 devrait être meilleure que prévu (3,0% contre 2,4%), et la chute devrait être limitée en 2009 : 1,9% contre 2,2% initialement prévus.
Pour Frédéric Giron, la baisse de l'activité devrait toucher d'abord les petites et moyennes SSII, auxquelles les grosses SSII sous-traitaient des affaires. Alors que ces grosses SSII souffraient d'une pénurie de compétences pour répondre à la demande, elles pâtissent « depuis septembre-octobre de carnets de commande un peu moins fournis ». Selon le consultant, « les grands projets en cours ne sont pas arrêtés, mais la grande différence [avec le premier semestre 2008], c'est que les nouveaux projets sont arrêtés ou mis sur pause ».
Pour les analystes, la solution est à portée de main... du pouvoir politique
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Les dépenses en équipement IT ne sauveront pas le secteur : « Le matériel était déjà en décroissance en 2008 à cause de la pression sur les prix. Et ce qu'on va voir [avec la crise], c'est que le taux de renouvellement va chuter. » Et d'ajouter que le seul segment porteur en volume, les netbooks, contribuera à faire baisser les prix.
L'industrie IT vue comme une partie de la solution
Pour Thomas Mosch comme pour Frédéric Giron, des politiques de relance étatiques (sous forme de commandes aux fournisseurs IT de la part du secteur public), pourraient soutenir le marché. Néanmoins, les deux analystes n'ont guère de billes à fournir sur le sujet. Thomas Mosch souligne toutefois que « contrairement à la crise de 2000, où c'était une crise IT, aujourd'hui l'industrie IT est plus perçue comme une partie de la solution », utile pour réaliser des économies. Pour lui, « c'est plutôt porteur d'espoir ».
Finalement, la solution à la crise est peut-être venue du commissaire général du Cebit. Réagissant à la présentation de ces chiffres, Sven Prüser a expliqué, sans toutefois employer ce terme, que l'industrie était engagée dans une sorte de prophétie auto-réalisatrice. « D'après nos enquêtes, la majorité des entreprises n'ont pas vu d'effets directs de la crise, mais elles prennent leurs précautions. C'est un peu comme la prophétie qui s'avère juste : si tout le monde l'attend, ça va venir. » Il suffirait donc de rétablir la confiance, chose que les politiques peinent à faire. « On manque d'orientation, a déploré Sven Prüser. Or les améliorations ne sont possibles que grâce aux NTIC. »