L'Europe consacrera 12,7 Md d'euros aux entreprises innovantes des TIC d'ici à 2013
Les programmes d'aides européennes pour le secteur des technologies de l'information ont été définis : sur 6 ans, l'UE versera 9,1 Md€ à la R&D et 3,6 Md€ à la mise en oeuvre des innovations. Le but : se conformer à l'agenda de Lisbonne.
L'Europe prévoit d'investir 9,1 Md€ dans les TIC (Technologies de l'information et de la communication) jusqu'en 2013, dans le cadre du 7e programme cadre de recherche et développement (PCRD). En comptant les 3,6 Md€ du programme cadre pour l'innovation et la compétitivité (CIP), lui aussi établi de 2007 à 2013, ce sont donc 12,7 Md€ que l'Union européenne prévoit d'investir pendant les six prochaines années dans les technologies et services innovants. Un montant en forte hausse par rapport aux programmes précédents : le 6e PCRD s'élevait à 3,6 Md€ (il est vrai pour la période 2003-2006). « Les deux programmes sont nettement mieux dotés que leurs prédécesseurs », commente Edith Launey-Heymann, responsable de l'Euro Info Centre d'Ubifrance, l'agence française pour le développement international des entreprises. Explication de cette emphase mise sur les TIC : il s'agit de se conformer à l'agenda de Lisbonne, signé en 2000, qui prévoit de faire de l'Europe « l'économie la plus compétitive et la plus dynamique au monde » à l'horizon 2010. « Ces deux programmes sont faits pour aider les entreprises européennes à relever ce défi », indique Edith Launey-Heymann.
Le 7e PCRD sera axé plus particulièrement sur des secteurs où l'Europe dispose d'un avantage concurrentiel tel que les systèmes et architectures logicielles, les solutions de communications électroniques, et autres secteurs de pointe. Il s'appuiera en partie sur les JTI (Joint Technology Initiative) ou initiatives technologiques conjointes. Il s'agit d'entreprises communes financées par des ressources à la fois publiques et privées. D'ores et déjà , on peut mentionner Artemis sur les systèmes embarqués, ISI sur la communication par satellite, Europ sur la robotique ou encore Eniac sur la nanoélectronique. Au nombre de neuf, ces plates-formes technologiques européennes spécialisées dans les TIC auront un double objectif : capter de nouveaux investissements supplémentaires pour la recherche et soutenir le lancement de nouvelles technologies.
Une part importante pour les PME et petites structures
Une partie des investissements du PCRD sera consacrée aux TIC capables d'améliorer les soins médicaux. « D'ici 2050, 40% de la population de l'UE aura plus de 65 ans », indique dans sa présentation Khalil Rouhana, chef de l'Unité pour la stratégie de la recherche et le développement dans les TIC à la Direction générale de la société de l'information et médias à la Commission européenne. L'objectif de l'UE avec ce PCRD est de voir les TIC pour les dépenses de santé atteindre « jusqu'à 5% du budget total de santé de l'UE » en 2010, contre 1% en 2000. Les objectifs sont notamment de faciliter l'accès aux « quantités énormes d'informations sur la santé », de développer des produits communicants de surveillance de la santé des gens, de modéliser un « homme physiologique virtuel », et d'aider les entreprises européennes à « devenir des opérateurs mondiaux principaux dans les nouvelles TIC pour l'industrie de santé ».
Une part du budget PCRD sera également consacrée à l'amélioration de la sécurité physique et énergétique. Par exemple, un des objectifs est de développer des « véhicules intelligents » afin d'éviter les « 40 000 morts sur les routes de l'UE chaque année ».
Le CIP, quant à lui, se place en aval, notamment afin d'aider les PME à commercialiser des produits et services innovants. Cet aspect services est important, souligne Edith Launey-Heymann : il n'existait pas dans les versions précédentes de ces programmes, qui ne voyaient que l'aspect technologie. Le CIP viendra aussi en aide à des programmes répondant à la thématique des « éco-technologies », en sus de l'instrument financier dédié à ce secteur, Life+. Cela ouvre de nouvelles perspectives, surtout dans la mesure où les programmes du CIP sont aussi ouverts aux petites structures, qui n'ont pas forcément un statut d'entreprise, indique Edith Launey-Heymann, qui désigne par exemple les artisans ou les associations universitaires. En revanche, la multitude de programmes d'aide peut aussi amener les structures en recherche de financement à se fourvoyer ou à abandonner. « Attention de ne pas se tromper de programme, avertit Edith Launey-Heymann. Il ne faut pas hésiter à frapper à plusieurs portes, avoir toute la panoplie des instruments financiers à l'esprit avant de s'embarquer. »