« Hush is coming back soon ». Voilà ce qu’on peut lire sur la page d’accueil de la néo-banque Hush depuis un bon moment maintenant. Depuis le 6 juillet dernier exactement, quelques temps après une levée de fonds qui n’a pas atteint les attentes de la société… Mais Hush, la bien nommée, continue de garder le silence, que ce soit auprès du public, des médias ou mêmes des prestataires, dont certains n’ont jamais été payés…
Tout commence en mai 2017. Eric Charpentier, Toulousain connu pour avoir fondé précédemment la banque en ligne Morning – rachetée en février 2017 par la banque Edel -, lance sa deuxième néo-banque au Luxembourg sous le nom de Hush. De belles promesses à la clé : mêler les services d’une banque traditionnels et une compatibilité avec les crypto-monnaies ; ainsi que la possibilité de faire partie d’une communauté de soutien financier à des projets entrepreneuriaux.
614 000 € contre 10 M€ escomptés
Sur une bonne lancée, Hush annonçait le début d’une ICO – une levée de fonds en cryptomonnaie – en novembre 2017, avec le soutien de Chaineum, opérateur français spécialisé dan ce tour de table. Et Eric Charpentier voyait gros : 15 à 20 millions d’euros récoltés. Mais le lancement de la levée de fonds est finalement reporté au 22 janvier 2018. Et les objectifs revus à la baisse : 10 M€. Mais à la fin de la deuxième phase de l’ICO, en juin dernier, nos confrères de Mindfintech notent que le tour de table n’a rapporté « que » 614 000 €. D’après France 3 Midi-Pyrénées, les tokens correspondants aux montants apportés par les investisseurs leurs ont été distribués au début de l’été.
Le dernier tweet de la société remonte au 6 juillet 2018.
Puis plus rien. Le site officiel affiche le message cité plus haut, la page Twitter de Hush est inactive depuis le 6 juillet, celle sur Medium a été supprimée. Tout comme la page Linkedin d’Eric Charpentier, qui ne donne plus aucune nouvelle depuis l’été dernier… Ce qui pose problème non seulement aux investisseurs – se plaignant sur Twitter – qui ne peuvent utiliser leurs tokens nulle part. Mindfintech en rajoute en indiquant que des partenaires comme Chaineum ou Kramer Levin n’ont jamais été payés pour les prestations apportées à la start-up. On parle de factures allant jusqu’à 150 000 € chez Chaineum…
« Loin de la pression des réseaux »
France 3 avait réussi à avoir une réaction d’un proche de M. Carpentier en septembre dernier. Max Massat, qui se présente comme associé fondateur de Hush sur Linkedin, indiquait que « Eric prend désormais le temps de mener ses projets loin de la pression des réseaux » pour justifier cette absence soudaine. « D’ailleurs le ministre du numérique vient de faire la même chose » est-il même allé jusqu’à dire. « On a décidé de pas se justifier. On travaille en silence. Les vrais investisseurs du projet eux savent. On laisse le fantasme pour les autres »… Depuis cette réaction, il semblerait que M. Massat ait quitté la société pour partir « en recherche d’un nouveau départ » selon son profil professionnel.
L’histoire de Morning aurait peut-être pu laisser présager du destin de Hush. Fondée en 2013 à Toulouse par M. Charpentier, cette banque en ligne avait été épinglée par l’ACPR, l’Autorité de surveillance des banques françaises, en décembre 2016. L’entreprise aurait utilisé illégalement l’argent de son compte de cantonnement – qui est censée être bloqué en faveur d’un des créanciers. Cette décision a mis un terme aux activités de Morning et donné lieu à de nombreux conflits internes. Ce qui a conduit à la mise à l’écart d’Eric Charpentier avant le rachat de Morning par Edel évoqué plus haut.