A l’heure où les actes de piratage, vols de données et autres menaces informatiques se multiplient, les entreprises ont plus que jamais besoin d’experts en sécurité. Dans un secteur qui semble manquer de bras, l’Ecole européenne de cybersécurité (EECS) de Versailles a fait le pari de former des profils techniques rapidement employables avec un cursus bac+2 accessible par la voie de la formation initiale ou de l’alternance. Dans ce but, l’établissement privé a ouvert un parcours formant des techniciens systèmes et réseaux et des opérateurs en sécurité informatique de niveaux 1 et 2 en seulement 24 mois. L’idée est de proposer des profils en mesure d’accompagner et d’épauler les équipes d’ingénieurs au quotidien. « Le secteur de la cybersécurité peine trouver des profils à bac + 4 et 5, une population ou le taux de turnover est fortement préjudiciable pour les recruteurs de cette filière », nous a confié Grégoire Chataignon, directeur de l’EECS.
La question des besoins de recrutement en cybersécurité par les entreprises, et des solutions prometteuses apportées entre autres par l’apprentissage avait été évoquée le lundi 23 janvier 2023, lors d’une rencontre entre les dirigeants de l’établissement de formation privé, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications et Charles Rodwell, député de la 1ère circonscription des Yvelines. « A cette occasion, nous avons fait savoir que nous ne partagions pas cette vision de crise d'existence des vocations dans la filière cyber, nous raconte Grégoire Chataignon. A l'EECS, nous mettons des jeunes sur le marché du travail au niveau Bac/Bac + 2, et nous n’avons pas le même constat. L'an dernier nous avons eu 300 candidats et avons ouvert une seule classe de 24 étudiants. Si ces vocations de la part de filles comme des garçons sont mortes c’est faute d'avoir rencontré une entreprise qui leur donne la chance de se former en alternance. »
25 étudiants de profils divers pour la 2nde promotion
Pour le dirigeant, la formule de l’apprentissage propose pourtant aux entreprises de bénéficier pendant deux ans d’un collaborateur présent les 2/3 du temps, de soulager ainsi les ingénieurs des tâches numériques du quotidien et de rehausser très sensiblement leur niveau de protection informatique. Cette méthode peut ainsi aider à fidéliser des experts ingénieurs et répondre aux problématiques de recrutement de spécialistes cyber. Après avoir intégré une première fournée d’apprenants en septembre 2021, l’école grandit avec une 2° promotion de 24 étudiants. 50% des candidats sont bacheliers, 25% des étudiants en réorientation, une même proportion des adultes en reconversion et 20% des femmes.
Tous les cours sont assurés par des professionnels du secteur de l’informatique et de la cybersécurité des secteurs privés ou publics. On y trouve la direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information (DIRISI) de la Défense, la mairie de Saint-Cyr-l'École ainsi que des acteurs IT les que Atos, Thalès, Orange Cyberdéfense, Airbus Cybersecurity, ou encore Econocom. L’ensemble des matières s’appuie sur des ateliers pratiques présentés sous forme de cas d’usages pour être plus proche de la réalité du métier. « Nos étudiants disposent d’une formation initiale de 5 semaines avant d'aller en entreprise, précise le directeur de l’EECS. A la clé, la délivrance d'un titre reconnu par l'Etat (RNCP de niveau 5) d'opérateur en sécurité informatique. « Contrairement à des diplômes de type BTS qui comprennent une forte proportion de cours de formation générale (français, mathématiques…), notre titre RNCP de niveau 5 est focalisé sur les besoins opérationnels des entreprises », souligne le directeur de l’établissement.
500 heures de cours sur la sécurité IT
D’où la construction d'un cursus comportant 1 000h de cours théoriques et surtout pratiques avec 50% du programme consacré à la cybersécurité ( 200h sur les réseaux, 230h dédié à la supervision et la sécurisation des réseaux, 200h de hacking, scripting, bases de données...). Le rythme de l'alternance est conçu pour pouvoir garantir une permanence à l'entreprise ou administration qui le souhaite. « En recrutant un alternant de deux promotions paire/impaire, un étudiant est présent tous les jours ouvrés de la semaine, ajoute Grégoire Chataignon. Le mercredi, les deux alternants peuvent se passer les consignes. Par ailleurs, en jouant sur les souplesses du droit du travail, comme ils ne sont à l'école que 2 jours par semaine, il en reste 5 pour les faire contribuer à d'éventuelles astreintes ou permanences du week-end. Enfin, ils sont 100% chez leur employeur de mai à septembre, permettant ainsi la prise des congés d'été par les autres collaborateurs. »
Les étudiants peuvent occuper des postes tels que techniciens support, helpdesk, techniciens systèmes et réseaux, administrateurs, pentesteurs juniors, auditeurs, opérateurs en cybersécurité, opérateurs SOC N1 et N2. Le parcours est tarifé 9000€/an sur 24 mois, et peut être financièrement pris en charge par l'OPCO de l'entreprise. Dans le cas d’un contrat en alternance la formation pour l'étudiant est gratuite et rémunérée car prise en charge par l'entreprise qui bénéficie d'une prime supplémentaire pour ce type de contrat.