L'Arcep va contrôler les opérateurs Wimax de près
L'autorité de régulation de télécoms place les opérateurs Wimax sous surveillance. Ceux-ci n'ont pas tenu leurs obligations de déploiement. La cause provient en partie des choix technologiques effectués.
Le déploiement du Wimax dans l'hexagone est très loin des objectifs fixés. Tel est le constat du rapport édité le lundi 15 septembre par l'autorité de régulation des télécoms (l'Arcep) suite à une étude réalisée au cours de l'été. L'Arcep constate que « les déploiements [du Wimax] restent encore très modestes et sont aujourd'hui très inférieurs aux engagements pris par les titulaires d'autorisations » en juillet 2006.
Si le constat est aussi sévère, c'est parce que les opérateurs avaient promis monts et merveilles lorsqu'ils s'étaient vus attribués leurs fréquences d'émission Wimax. Mais pour le moment, ils sont très loin d'avoir respecté leurs obligations. Il aurait du y avoir 3 564 sites déployés au 30 juin 2008. La réalité est que l'on compte 524 sites (dont 512 opérationnels) - c'est à dire 15% des objectifs - et environ 4 000 clients, particuliers et professionnels, à travers la France.
La répartition territoriale n'est pas homogène
Par ailleurs, l'Arcep regrette que la répartition sur le territoire national ne soit pas homogène. En Haute-Normandie, par exemple, la moitié des sites prévus (50 sur 100) a bien été installée et trois offres commerciales sont déjà disponibles. En revanche, dans la région Rhône-Alpes, aucun des 446 sites n'a encore été déployé remettant donc aux calendes grecques la commercialisation des huit offres stipulées dans le cahier des charges.
Ces retards peuvent en partie s'expliquer par la redistribution des cartes entre les titulaires d'autorisation. De 10 titulaires à l'origine (6 conseils régionaux et 4 opérateurs privés), ils sont aujourd'hui 19 titulaires (14 collectivités et 5 opérateurs).
L'Arcep note que la plupart des Conseils régionaux ont en effet cédé leurs droits aux Conseils généraux. Il serait cependant injuste de jeter la pierre aux seules collectivités locales car les industriels n'ont pas vraiment montré l'exemple. Exception faite de Nomotech qui a déployé les deux sites qui lui avaient été imposés dans le Morbihan.
Un avancement inégal suivant les opérateurs
[[page]]
Selon le classement établi par l'Arcep, on trouve bien placé l'opérateur SHD (filiale de Neuf Cegetel et de SFR) qui a installé 86 sites sur 177 et qui gère au moins un site dans chaque département où il détient une autorisation (régions Ile-de-France et Paca). Quant à HDDR France, il atteint 170 sites sur 312 « obligations ».
Altitude Wireless pour sa part a installé 212 sites sur 1796. Le bonnet d'âne revient à Bolloré Télécom qui n'a déployé que 11 sites sur 968 obligations avec un seul site départemental sur 60. Néanmoins, au cours de l'été, Bolloré a racheté, une partie des licences de HDRR. Cette transaction lui permet non seulement de devenir un opérateur quasi national avec des autorisations dans 20 régions sur 22 mais surtout, elle porte son nombre de sites installés à 140 pour 1134 obligations.
Les titulaires d'autorisations mis sous surveillance
L'Arcep ne s'est pas contentée de juger, elle a voulu savoir pourquoi les opérateurs privés et publics ont pris autant de retard : « le facteur principal évoqué de façon commune est le retard des équipements terminaux en termes de disponibilité et de maturité technologique » constate le régulateur. En clair, alors qu'il existait une technologique Wimax, mature et disponible (la version 802.16 d) mais pour un usage fixe, les opérateurs ont préféré se tourner vers l'autre technologie, la 802.16 e qui permet « le nomadisme, annonce de meilleure performance et des économies d'échelle » mais dont les équipements ne sont pas prêts et un Wimax qui pour « le moment ne répond pas aux performances annoncées ».
Face aux manques des opérateurs, l'Arcep ne pouvait pas rester sans réagir. C'est pourquoi, tout en reconnaissant leurs difficultés technologiques, le régulateur a décidé de « mettre sous surveillance les titulaires d'autorisations et d'organiser le suivi de l'avancement de leurs déploiements ». Les opérateurs devront transmettre tous les six mois l'état d'avancement de leurs déploiements.