En période de conflit les mots ont un sens et l’Anssi a du bien peser ses propos publiés dans son rapport sur les menaces dans le cadre de l’invasion de la Russie en Ukraine. Après avoir donné un aperçu des différentes cyberattaques constatées (DDoS, défaçage de sites, spear phishing ou des malwares de sabotage (wiper)), l’agence termine son bulletin par un aparté sur « les outils numériques liés à la Russie ».
Dans ce cadre, la première phrase est sans équivoque. « L'utilisation d'outils tels que ceux de la société Kaspersky, peut être questionnée du fait de son lien avec la Russie », souligne l’Anssi. Tout en nuançant rapidement ses propos dans la phrase suivante, « à ce stade, aucun élément objectif ne justifie de faire évoluer l’évaluation du niveau de qualité des produits et services fournis ». L’organisme dirigé par Guillaume Poupard pointe notamment un risque d’amoindrir la capacité de ces entreprises à fournir des mises à jour de leurs produits et services et donc de les maintenir à l’état de l’art nécessaire pour protéger leurs clients.
Pas de big bang, mais une diversification à moyen terme
Face à cette problématique, l’Anssi invite les entreprises à réfléchir « à moyen terme, à une stratégie de diversification des solutions de cybersécurité ». En clair, les sociétés disposant d’outils de sécurité comme les antivirus de Kaspersky doivent s’interroger sur le passage à des offres alternatives. Pour autant, les experts insistent bien sur le terme « à moyen terme ». Il ne faut surtout pas déconnecter d’un coup les outils de sécurité, rappelle l'agence. « Sans solution de substitution, cette déconnexion ne saurait être préconisée ». Pas de big bang, mais une anticipation et une préparation donc.
Cela va engendrer des investissements supplémentaires et les concurrents de Kaspersky ont, semble-t-il, déjà démarché les clients pour leur proposer des offres alternatives. Interrogé par la rédaction pour un commentaire sur les propos de l'Anssi, Kaspersky n’a pas répondu au moment de la publication de cet article.