« Ce n'est pas la première fois qu'on le dit, ici-même, peut-être y-a-t-il une lassitude de l'auditoire à ce qu'on répète : il faudrait vraiment s'y mettre » a soupiré Jean-Pierre Corniou. Il s'exprimait en tant que membre du Comité Economie Numérique du MEDEF, lors du colloque de lancement du programme gouvernemental Transition Numérique, le 13 novembre 2012 au soir, à Bercy. L'objet de ce programme, monté avec de multiples partenaires associatifs, institutionnels et industriels est de pousser les PME à (enfin) profiter de la performance économique issue du numérique.
Jean-Pierre Corniou, ancien DSI de Renault, ancien président du Cigref, consultant et auteur de nombreux ouvrages, a vu, comme chacun de nous, passer, au fil des années, les ministres et les programmes plus ou moins similaires. A chaque fois, depuis une quinzaine d'années, on voit donc les mêmes discours, les mêmes partenaires et les mêmes déclarations solennelles sur le « cette fois, c'est bon, on y va », à peu de choses près.
Ce qui change, comme l'a relevé Jean-Pierre Corniou, c'est le récent engouement de la population pour les usages privés du numérique. Les entreprises sont à la traine de l'innovation, ce qui est pour le moins extraordinaire.
Capitaliser sur l'existant de proximité
L'objet du programme Transition Numérique n'est pas de recréer ce qui existe mais d'améliorer leur emploi. « Il s'agit d'apporter les bonnes compétences aux bons endroits avec le juste prix » a souligné Jean-Pierre Corniou. Il s'agira donc de capitaliser sur les centres de ressources existant, pérenniser leur financement et labelliser leur qualité. Il faudra également agir sur l'éducation du marché, faire comprendre aux clients les concepts, en amont des actions marketing des fournisseurs. Enfin, le programme intègre le principe d'établissement de référentiels pédagogiques et la labellisation des formations.
Labelliser vise à chaque fois à garantir la qualité et instaurer ainsi la confiance. Mais les acteurs locaux actuels (comme les chambres de commerce et d'industrie ou les chambres des métiers) seront bien ceux qui opéreront le programme au quotidien et en proximité. Cette proximité sera autant géographique que sectorielle : il s'agit que le conseil, la prestation ou la formation soit adaptée au mieux au contexte.
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La cheville ouvrière du programme sera le « conseiller au numérique ». Un réseau d'au moins un millier de tels conseillers devrait être constitué en 2013. Il s'agit en fait de créer un label professionnel qui caractérisera les actuels conseillers opérant déjà , par exemple, dans les organismes consulaires.
Le programme comprendra bien sûr un comité de pilotage mais celui-ci s'appuiera sur trois comités thématiques : le comité des centres de ressources (animation du réseau de conseillers), le comité pédagogique (pour la labellisation des formations) et enfin le comité des partenaires privés (fournisseurs, institutions, associations, syndicats...).
Ce dernier comité prendra la forme d'une association, Transition Numérique Plus. Celle-ci « visera à pousser des usages, pas des marques » a insisté Laurent Pontégnier, le délégué général de cette nouvelle association. Les cotisations pour y adhérer seront de l'ordre de 500 à 3000 euros par an. Son premier président est Christophe Leblanc (Pages Jaunes). Gwenael Fourre (Microsoft) en est vice-président. Le début des opérations est fixé à janvier 2013.
Disparition de l'Aden
Transition Numérique Plus prendra la place de l'Aden (Association pour le Développement de l'Economie Numérique). Son président, Olivier Midière, a annoncé que l'ADEN tiendrait sa dernière Assemblée Générale en décembre 2012 car « elle a atteint son objectif ». Olivier Midière restera président d'honneur de Transition Numérique Plus mais se consacrera surtout à son nouveau combat : la reconquête industrielle. Il vient de lancer un magazine éponyme. Cheville ouvrière du processus qui a abouti à Transition Numérique et Monsieur Loyal du colloque, il change donc de combat.
L'Aden disparaît au profit de Transition Numérique Plus
Initiative du gouvernement et de multiples partenaires associatifs, industriels ou institutionnels, la Transition Numérique veut pousser les TPE/PME à profiter de la performance économique issue du numérique. Rien de neuf sous le soleil.