3,2 millions d’euros… C’est le montant levé par la start-up Kraaft dont sa solution au nom éponyme s’adresse aux acteurs du BTP. La levée de fonds a été réalisée auprès de Chalfen Ventures, Stride VC, OSS Ventures et plusieurs business angels. « Cette opération va nous permettre d’investir dans le développement du produit et de consolider notre position sur le marché français », explique Thomas Reygagne, cofondateur et CEO de Kraaft. Présentée comme un WhatsApp des chantiers, l’application développée par Kraaft aide les équipes sur le terrain à communiquer et à partager des informations en temps réel de façon centralisée. Son atout ? Une interface qui ressemble fort à celle de son homologue américain avec une prise en main en quelques secondes par n’importe qui, peu importe le niveau de chacun en la matière. La messagerie comprend des modules spécialisés pour mieux suivre les chantiers : géolocalisation des photos, dossiers avec les plans du projet, classification des messages, audits de sécurité, rapports d’intervention, le tout dans une seule et même application mobile.
Si la jeune pousse n’a que quelques années – fondée en 2019 – elle a su se faire une place de choix auprès d’acteurs incontournables du BTP et de l’industrie. Pour cela, ses fondateurs – Marc Nègre (CPO), Cédric Boidin (CTO) et Thomas Reygagne (CEO) – se sont notamment appuyés sur le programme d’incubation de Vinci, Leonard. Lors de la présentation de la promotion 2023 de l’incubateur, Marc Nègre avait notamment témoigné de son parcours au sein de la promotion Catalyst 2022 de Leonard, programme qui s’adresse aux entreprises déjà avancées souhaitant s’implanter sur le marché à l’international. « Nous cherchions à lever des fonds et nous nous sommes tournés vers Vinci pour bénéficier de leur accompagnement » indique Marc Nègre.
Exemple d'utilisation de l'app Kraaft. (Crédit : Kraaft)
Kraaft cible l’international
« Aujourd’hui, nous travaillons plus spécifiquement avec les branches Eurovia et Vinci Energie du groupe » ajoute le fondateur de Kraaft. Aujourd’hui, la jeune pousse compte environ 300 entreprises clientes allant de la TPE aux grands groupes, dont Bouygues, Veolia, Fayat ou encore NGE. Elle vise par ailleurs 10 000 utilisateurs en France d’ici la fin de l’année. Kraaft, qui enregistre désormais une croissance de plus 10 % par mois, a également des ambitions fortes.
La start-up veut accélérer sa présence à l’international – notamment aux Etats-Unis, où elle conquiert déjà ses premiers utilisateurs – et souhaite s’étendre à d’autres verticales que le BTP. « 80 % de la population mondiale ne travaille pas derrière un ordinateur dans la vie quotidienne, et la fracture digitale est réelle. WhatsApp est une réponse géniale de simplicité, mais pas suffisante : il faut pouvoir relier les échanges de tous les jours à des processus métiers. C’est l’approche que nous avons développée, et que nous espérons pouvoir demain étendre dans d’autres secteurs opérationnels comme l’industrie, le retail, l’agriculture », explique Marc Nègre.
Le BTP, un secteur en mal de digitalisation
Alors que de nombreux métiers se digitalisent, il est en effet important de noter que certains secteurs ont du mal à prendre en main des outils numériques. Le BTP est considéré comme l’un des secteurs les moins digitalisés en France rapporte McKinsey, alors même qu’il emploie plus de 1,2 million de personnes. Le manque de communication est mis en cause par de nombreux professionnels du domaine, amenant à l’incompréhension entre les différentes équipes, mais aussi à une perte de temps (recherche d’information, gestion d’erreurs). Et l’incubateur Leonard est l’un des nombreux lieux où de telles entreprises tentent de répondre à ces problématiques.
Au-delà de Kraaft, d’autres entreprises ont ainsi pris le pari de digitaliser le monde du BTP. Zaara Aziz, fondatrice de BIMtoBuild, et passée par Vinci Construction, a également rejoint l’un des programmes de l’incubateur. Avec BIMtoBuild, elle veut améliorer les méthodes de travail sur les chantiers de construction. L’application numérise les travaux en cours afin de faciliter une gestion efficace du projet en temps réel. Autre acteur sur le marché, Batisimply, qui propose une application pour aider les TPE et les PME du bâtiment à numériser le suivi de leurs chantiers. Sa solution est composée d’une plateforme pour les bureaux d’études ainsi que d’une app mobile destinée aux acteurs du terrain renforcent la communication et le partage d’éléments liés à la surveillance de travaux.