Pour leur Journée Utilisateurs JU 2022, les clubs utilisateurs Oracle, réunis au pavillon Gabriel à Paris le 11 octobre, ont choisi pour thème la conciliation de l'innovation technologique avec l'innovation sociale, sociétale et environnementale. Signe que le sujet préoccupe de plus en plus les professionnels de l'IT et que ceux-ci sont décidés à s'emparer de ces enjeux, le numérique responsable était également le thème de la Convention annuelle de l'USF (Utilisateurs Francophones de SAP) cette année.
En ouverture des JU 2022, Emmanuel Ruez, président de l'AUFO (Association des Utilisateurs Francophones d'Oracle) et Yohann Garcia, président du club JD Edwards ont rappelé à quel point le sujet était crucial, l'empreinte environnementale du numérique représentant aujourd'hui la consommation d'un septième continent selon le collectif GreenIT. « Il existe des leviers sur lesquels les DSI peuvent agir », a annoncé Yohann Garcia, avant de laisser la place à Frédéric Giuli, ancien consultant en management, qui après une prise de conscience en 2018 a co-fondé la Fresque du climat avec Cédric Ringenbach. Celui-ci a dressé un bilan sans concession de la situation actuelle. « Nous venons de créer la 6e extinction de masse, aussi appelée effondrement du vivant », a-t-il expliqué avant de développer les observations conduisant à ce constat. Soulignant à quel point les modèles d'affaires d'aujourd'hui sont directement ou indirectement indexés sur des flux physiques, il a invité les entreprises à changer leur manière d'appréhender la valeur, en indexant celle-ci sur les usages plutôt que sur les autres étapes du cycle de vie des produits et services. En effet, de l'extraction des matières premières à la mise à disposition des biens, en passant par la production, le transport et même la gestion des produits en fin de vie, ce sont ces étapes qui ont le plus d'impact sur l'environnement, alors même que ce sont celles qui sont valorisées d'un point de vue économique.
Christophe Négrier, directeur général d'Oracle France, a ensuite été invité à réagir. Pour celui-ci, un certain nombre de technologies peuvent être porteuses de valeur à la fois pour la transformation numérique et pour la transition écologique impérative. « Je pense que la technologie n'est pas une réponse en elle-même, mais elle peut contribuer aux premiers 5% [NDLR Les paliers de réduction des émissions carbone annuelles qu'il faut viser pour rester sur une trajectoire soutenable] et aux suivants », a affirmé le DG d'Oracle France. Pour Christophe Négrier, le rôle d'un éditeur comme Oracle est aussi d'accompagner ses clients dans la prise de conscience de ces enjeux. « La performance financière n'est pas l'alpha et l'oméga, on peut envisager la performance de manière différente, avec des impacts vertueux », a-t-il pointé. Il a ensuite évoqué quelques-unes des actions mises en oeuvre par Oracle pour répondre aux enjeux environnementaux. « Environ 55% de nos bâtiments sont déjà alimentés avec de l'énergie renouvelable, ainsi que100% de nos datacenters en Europe. Nous travaillons aussi sur l'efficacité énergétique, sur l'économie circulaire, en recyclant ou en réutilisant 99% de nos composants. Enfin, nos services essaient de contribuer à la réflexion sur comment mesurer les impacts RSE, comment savoir ce que l'on consomme », a détaillé Christophe Négrier, avant de souligner que sur ces sujets, il fallait aussi aller vite : « Le numérique responsable, c'est un sujet vital. »
Une table-ronde a réuni des clients d'Oracle, qui ont partagé leurs expériences pour faire en sorte que l'IT contribue aux efforts RSE.
Illustrer l'impact environnemental de l'IT
Lors d'une table ronde, deux entreprises ont ensuite partagé quelques-unes de leurs actions pour un numérique plus responsable. Alexandre Gultzgoff, DSI de Sequens, a notamment choisi de faire appel à la startup Sopht, qui était représentée par Julien Rouze, co-fondateur et responsable des opérations lors de l'événement. « Seqens est un groupe de chimie qui fournit des principes actifs pour l'industrie pharmaceutique », a expliqué Alexandre Gultzgoff. En tant qu'entreprise industrielle, le groupe a mené de nombreux projets pour réduire les émissions associées à ses usines, qui consomment beaucoup d'énergie. « Sur les dix dernières années, nous avons diminué nos émissions de 30%, notre objectif étant de parvenir à plus de 60% dans les années qui viennent », a indiqué le DSI. Celui-ci a ensuite confié que sur le périmètre IT, la prise de conscience est venue plus tardivement que sur les activités industrielles, à l'occasion de trophées RSE organisés en interne. « J'ai réalisé que je ne savais pas ce que représentait l'IT du groupe en termes d'impact environnemental, car je ne savais pas le mesurer », a confié le DSI.
Ce déclic l'a conduit à travailler avec Sopht pour identifier sur quels axes il pouvait agir afin de contribuer, à son échelle, aux efforts du groupe. « Le premier sujet est de découvrir où sont les facteurs de pollution d'une DSI, en collectant des données afin de trouver des pistes d'amélioration », a souligné Julien Rouze. Si sur certains indicateurs remontés par Sopht, la DSI de Seqens savait à quoi s'attendre, d'autres éléments ont surpris les équipes, a confié Alexandre Gultzgoff. « Ce qui nous intéressait aussi, c'était de pouvoir illustrer nos impacts, afin d'évangéliser par exemple les collaborateurs et les équipes sur les usages », a expliqué le DSI. À cet égard, il a notamment apprécié une fonctionnalité proposée par la plateforme Sopht, qui sur des indicateurs techniques comme la consommation du cloud propose des équivalences plus parlantes, en les comparant par exemple à des trajets en avion.
Deux collaborateurs du groupe immobilier Nexity étaient également invités : Virginie Chastel, directrice du programme de transformation de la fonction Finance, dénommé Finex, et Goulven Aubry, responsable relations IT filiales et RSE. « Nous voulons former nos 8000 collaborateurs à la Fresque du climat d'ici 2024 », a notamment indiqué Virginie Chastel. « Dans l'IT, on a beaucoup recours à des prestataires. Nous nous sommes aussi fixé pour objectif de former ces derniers à la Fresque et aux enjeux de numérique responsable », a-t-elle ajouté. Évoquant un autre aspect de la responsabilité sociétale des entreprises, celle-ci a également expliqué que l'un des objectifs du programme Finex était aussi de limiter la pénibilité du travail. « Nous mettons en oeuvre des solutions d'automatisation, de robotisation des tâches pour décharger les équipes comptables. Quand on mène un programme de transformation, il faut prendre le temps de se poser et parfois de renoncer à certaines choses, pour ne pas surdévelopper. Rationaliser, c'est aussi être plus raisonnable dans la mise en oeuvre de nouvelles solutions », a-t-elle souligné.