Après six ans comme vice-président, vous avez été élu président du Cigref en octobre 2021. Pouvez-vous nous représenter cette association, historiquement, il y a un demi-siècle, « club informatique des grandes entreprises françaises » ?
Le Cigref est une association de grandes entreprises et administrations utilisatrices de solutions numériques. A ce jour, nous avons 154 membres, ce qui représente une communauté de plus de 5000 personnes physiques impliquées individuellement dans nos activités. Un quart des adhérents est constitué d'organismes publics (CNAF, ministères...). En cumul, l'ensemble de nos membres représente un budget numérique annuel supérieur à cinquante milliards d'euros et un effectif de spécialistes IT d'environ 200 000.
Le Cigref a trois vocations. La première est l'appartenance. Le Cigref se veut un lieu d'échange entre responsables et entreprises ayant les mêmes problématiques. Nous voulons aussi être un lieu d'intelligence collective. Nos membres échangent et produisent des réflexions rendues publiques pour enrichir tout le monde, au-delà des adhérents. 89 % des adhérents ont contribué à nos groupes de travail durant la crise sanitaire. Cela draine énormément d'énergie. Enfin, le Cigref a un objectif d'influence. Nous voulons faire valoir les points de vue de nos adhérents devant tous les organes de régulation, non pas pour défendre un intérêt catégoriel mais avec une vraie préoccupation de défense de l'intérêt général, nos membres étant très variés dans leurs natures.
Beaucoup de décisions étant prises au niveau européen, le Cigref travaille-t-il avec des associations homologues européennes ?
Tout à fait. Le Cigref a un partenariat étroit avec trois associations homologues : CIO Platform Nederland (Pays-Bas), Voice (Allemagne) et Beltug (Belgique). Les présidents des quatre associations se réunissent une fois par mois. Bernard Duverneuil, mon prédécesseur à la présidence du Cigref, est actuellement vice-président aux affaires européennes. Les travaux et prises de positions en commun ont évidemment un poids plus important au niveau européen, par exemple notre prise de position sur la stratégie de Microsoft et ses impacts négatifs sur la sobriété numérique.
Nous essayons d'étendre ce partenariat à d'autres pays. Des discussions sont en cours avec des associations italiennes et espagnoles. Mais il y a très peu d'associations consacrées au numérique et réunissant des personnes morales en Europe. Nous n'en avons pas trouvé dans chaque pays qui soient à la fois représentatives et actives en matière de production de travaux. Plus fréquemment, il existe des associations de networking de DSI. Or le Cigref, je le rappelle, n'est pas un club de DSI et certains de nos adhérents, tous personnes morales, ne sont d'ailleurs pas représentés en notre sein par leur DSI...