Internet : De la récupération marketing de la « communauté »
Quel est le mot le plus à la mode en ce moment sur la toile ? Celui qu'on vous ressert à chaque lancement de service ou de site ? La communauté bien sûr. C'est bien simple, quoi que vous fassiez sur Internet, vous être membre de telle ou telle communauté. Le Web, une communauté, les blogueurs, des communautés, les réseaux sociaux (social networking), des communautés. Un terme humanisant pour un phénomène qui est certainement davantage tissé par de bonnes recettes marketing que par une quelconque réalité communautaire de la toile.
Dans le Petit Robert, le mot « communauté » est ainsi défini : « Groupe social dont les membres vivent ensemble, ou ont des biens, des intérêts communs ». Assez large pour y caser ce que l'on veut. Il faut dire qu'appartenir à une communauté, à un cercle de « happy few » a quelque chose de valorisant. Vous n'êtes plus un simple internaute, vous êtes un membre d'un cercle avisé. S'il est indéniable que le Web a permis d'organiser de véritables communautés, qu'elle soit de loisirs (jeux vidéo par exemple) ou professionnelles (l'open source, le développement web...), le glissement sémantique est amorcé.
« Tirer profit » des communautés
Dans un communiqué, Microsoft explique par exemple qu'« en entrant vous-même les adresses Spaces de vos contacts, en transférant votre liste de contacts Messenger qui deviennent automatiquement des contacts Spaces, ou en cherchant de nouveaux amis par centre d'intérêt sur le moteur de recherche Spaces » vous construirez une communauté. Hors, Franck Pisani, journaliste et blogueur averti explique sur son blog Tansnets : « Les communautés en question ne sont en général que des réseaux temporaires à objectifs et donc à engagements limités ». Si la communauté reste donc virtuelle, sa récupération marketing, elle, est bien réelle. Sopra group, société de services informatiques, vient de publier une étude titrée : « Tirer profit de la dynamique communautaire sur Internet ». En introduction, Manuel Da Rocha parle d'intégration des communautés à « une stratégie marketing et commerciale » tout en précisant que leurs membres « éprouvent souvent des scrupules vis à vis de l'exploitation de leur regroupement à des fins commerciales ». Des scrupules qui seront vite dissipés, le pouvoir de persuasion des marques n'étant plus à prouver.