Avec pas moins de 15 coeurs physiques (et même 30 logiques avec l'HyperThreading), les puces Xeon E7v2 sont aujourd'hui les mieux dotées chez Intel, qui a intégré une foule d'éléments pour accélérer les performances de sa plate-forme serveur. Rappelons pour mémoire que les récents Xeon E5v2 disposent de « seulement 12 coeurs », alors qu'AMD propose des Opteron avec 16 coeurs, mais sans réussir à offrir les performances du fondeur de Santa Clara.

Comme nous l'a expliqué Jean-Laurent Philippe, directeur des ventes pour l'Europe de l'Ouest chez Intel lors d'une conférence de presse à Paris, « nous avons écouté nos clients sur les questions de quantité de mémoire vive disponible, pour les bases de données relationnelles, les plates-formes in-memory et les traitements big data ». Ainsi, les applications liées à l'informatique en mémoire telles que les bases de données recevront un coup de pouce avec de nouvelles performances en débit et une capacité de mémoire de 1,5 To par socket, nous a précisé M. Philippe. Avec un maximum de 24 modules mémoire par socket en DDR3 et le support de 96 barrettes de 64 Go, on arrive à un total de 6 To sur une machine équipée de 4 sockets. Les puces Xeon E7v2, nom de code Ivytown, fonctionnent à des vitesses d'horloge de 1,4 GHz à 3,8 GHz avec une consommation comprise entre 40 et 150 watts. Intel embarque 20 nouvelles puces dans cette famille avec 2 à 15 coeurs physiques suivant les configurations.

Support du protocole PCI-Express 3.0

Ces processeurs E7 sont deux fois plus rapides que leurs prédécesseurs lancés l'an dernier, a souligné le responsable des ventes Europe. Ils disposent d'une bande passante plus importante pour la mémoire vive et les capacités d'entrée/sortie ont été considérablement renforcées avec la multiplication des voies de transfert. Une autre nouveauté est le support du protocole PCI-Express 3.0, qui est déjà disponible sur les puces serveurs milieu de gamme, les Xeon E5. Et avec le support du multithreading, la puce Ivytown 15 coeurs est en mesure d'exécuter 30 threads simultanément.


Jean-Laurent Philippe, directeur des ventes Europe de l'Ouest chez Intel, à Paris pour la présentation de l'E7v2.

Les puces E7v2 sont destinées à des secteurs tels que la finance, les industrie du gaz et du pétrole et du gaz qui recherchent des serveurs à haute disponibilité capables de traiter de grands ensembles de données afin de prendre des décisions en temps réel, nous a expliqué M. Philippe. Selon les analyses du Gartner, les solutions analytiques sont la préoccupation numéro 1 des entreprises qui cherchent à anticiper l'avenir en se basant sur des données structurées disponibles dans les SGBD. Comme les informations issues des utilisateurs et des clients, qui permettent par exemple aux compagnies d'assurance de prévoir de nouveaux besoins et donc d'anticiper des réclamations. L'analyse de ces données leur permet de faire évoluer les contrats pour couvrir de nouveaux besoins ou/et éviter les recours. Selon le cabinet Gartner, de 2014 à 2018, la croissance sera de 400% sur ce secteur.

Envoyer des promotions au bon moment

Autre exemple d'usage, les sociétés de cartes de crédit utilisent l'analyse en temps réel des données non structurées, cette fois issues des médias sociaux pour identifier les fraudes. Ou encore la gestion des promotions dans les magasins et des transactions en ligne pour anticiper les besoins. Avec par exemple la baisse du prix d'un produit pour inciter un client à l'achat. Pour toutes ces tâches, il est nécessaire de proposer des capacités de traitement élevées et des serveurs très fiables pour produire en continu des résultats en temps réel. Les logiciels de Microsoft, d'Oracle et de SAP - comme les principales plates-formes Hadoop - vont profiter des capacités des dernières puces Intel, nous a indiqué Jean-Laurent Philippe. « On ne peut pas se permettre de garder des données sur un disque en attendant le traitement ».


Le serveur PowerEdge R920 est livré avec l'interface NVME dédiée aux SSD.

HP, Bull, Cisco et Dell sont parmi les 21 constructeurs de serveurs qui vont proposer des produits reposant sur la plate-forme E7v2. Dell a annoncé le serveur PowerEdge R920 (voir illustration). Avec ses quatre sockets, il supporte jusqu'à 6 To de mémoire. Il aura la capacité de virtualiser encore plus de charges de travail, a souligné M. Laurent devant la machine à Paris. Ce serveur PowerEdge est également compatible avec l'interface de stockage NVME (Non-Volatile Memory Express), un protocole émergent pour les SSD. Le NVME est appelé à remplacer les interfaces SATA, conçues à l'origine pour les disques durs.

Un serveur Bullion 16 sockets chez Bull

De son coté, Hewlett- Packard a annoncé le Proliant DL580 Gen8, qui est également un serveur quatre sockets supportant jusqu'à 6 To de mémoire. Il se destine également aux charges de travail gourmandes en données et à l'analyse de grands blocs de data. HP note une amélioration notable des performances (2,3x) par rapport à ses prédécesseurs. Enfin Bull a annoncé un serveur Bullion avec 16 sockets E7V2 reposant sur un chipset maison soit une capacité maximale  jusqu'à 24 To.

Pour conclure, terminons sur les fonctionnalités haute disponibilité RAS (Reliability, Availability and Serviceability) des Xeon E7v2. « Nous avons travaillé avec les fournisseurs de solutions logicielles pour exploiter toutes les fonctionnalités de la machine et arriver au cinq neuf comme sur les systèmes Risc [...]. En 2004, le NYSE et le Nasdaq utilisait un système RISC à 775K$. En 2014, les bourses US sont passées de deux à treize avec 6,5 millions de messages par seconde, avec un traitement des opérations assuré par un serveur Xeon E7v2 d'un montant de 51,2K$ », nous a indiqué M. Philippe. Une montée en puissance qui semble se faire au détriment des serveurs Itanium qui avaient hier l'exclusivité de ces fonctionnalités chez Intel. A la question de savoir, si on avait affaire à un tueur d'Itanium avec le Xeon E7v2, Jean-Laurent Philippe assure qu'il y a encore une vraie complémentarité entre la gamme Xeon avec Windows et Linux, et la famille Itanium sous HP-Ux. « Nous garantissons la viabilité des machines Itanium pour la décennie à venir pour les missions critiques ».