Comme l’a annoncé Intel hier, la pénurie de microprocesseurs entrée de gamme touche à sa fin, avec un impact possible sur le prix des PC embarquant ces puces qui pourrait baisser une fois de plus. « Intel dispose maintenant de deux usines de fabrication de puces 10nm », a déclaré Bob Swan, le directeur général d'Intel. La production globale d'Intel a ralenti, mais celle de ces deux usines a augmenté, ce que l'entreprise avait expliqué lors des précédentes communications de résultats. Selon M. Swan, Intel a perdu une « petite part de marché » au cours du second trimestre, l'entreprise ayant donné la priorité aux microprocesseurs à « gros cœur » lui assurant une marge plus élevée.
Communiqués jeudi, les bénéfices d'Intel ont baissé de 17 % à 4,2 milliards de dollars, tandis que les revenus ont légèrement baissé de 3 % à 16,5 milliards de dollars. Cela s'explique en partie par des problèmes d'inventaire et de fabrication lors de la transition vers les produits 10 nm, y compris les puces Ice Lake, dont la livraison a désormais commencé, selon Intel. « Pendant cette période, Intel n'a pas été en mesure de répondre à la demande de puces entrée de gamme », a reconnu M. Swan. « En 2021, Intel prévoit de passer à un processus de fabrication à 7nm, un saut technologique qui confronte à nouveau Intel à la loi de Moore », a encore déclaré M. Swan. Selon ses estimations, le processus 7nm d'Intel sera compétitif par rapport à la technologie 5nm que ses concurrents pourraient adopter d'ici là.
Préoccupations autour des mesures de l'Administration Trump
Même si M. Swan a déclaré que la performance d'Intel au second trimestre a dépassé les propres attentes de l’entreprise, il s’est dit toujours préoccupé par les mesures imposées par l'Administration Trump aux produits chinois et par l'incertitude qui planait autour de l’Entity List du Département du Commerce, laquelle interdit aux entreprises américaines de commercer avec certaines entreprises chinoises. Au cours de ce trimestre, le gouvernement américain a notamment inscrit l’entreprise technologique chinoise Huawei sur cette liste noire et a ajouté par la suite cinq autres entreprises chinoises de supercalculateurs. M. Swan n'a pas cité Huawei, ni les autres entreprises concernées par l’interdiction, mais il a reconnu que cette incertitude de la situation avec la Chine le rendait « un peu plus anxieux ».
L’Intel Client Computing Group, centré sur les PC, apporte toujours l’essentiel du chiffre d'affaires d'Intel. Ce trimestre, la division a affiché un CA de 8,8 milliards de dollars, soit 1 % de plus que le même trimestre 2018. L’Intel Data Center Group a déclaré 5 milliards de dollars de chiffre d'affaires, en baisse de 10 %, un effet de la concurrence accrue d'AMD et de ses puces Epyc. Intel possède également plusieurs petites entreprises, comme MobileEye par exemple. Cette entité axée sur la conduite autonome affiche un chiffre d’affaire de 201 millions de dollars, en hausse de 16%. Pour sa part, au troisième trimestre, le Programmable Solutions Group a enregistré 489 millions de dollars de revenus, en baisse de 5 %. Enfin, comme on pouvait s'y attendre, Intel a vendu son activité de modems 5G pour smartphones à Apple pour 1 milliard de dollars environ, après qu'Apple a été contraint de conclure un contrat avec Qualcomm pour palier à ses propres difficultés de production. Bob Swan n'a rien révélé au sujet du développement des puces graphiques discrètes par Intel, ni des développements en cours d’AMD ou de Nvidia, ses principaux concurrents. Engagée sur deux fronts, la bataille du GPU avec Nvidia et la bataille du CPU avec Intel, AMD communiquera ses résultats le 30 juillet.