L’été est toujours propice aux grandes acquisitions. Selon le Wall Street Journal, Intel serait en pourparlers pour acquérir le fabricant de semi-conducteurs GlobalFoundries pour un montant évalué à 30 milliards de dollars. Si l’opération se concrétise, il s’agira de la plus grosse acquisition jamais réalisée par la firme de Santa Clara. Elle intervient dans un contexte de pénurie mondiale de composants.
Pour mémoire, GlobalFoundries a été créé en 2008 quand AMD, concurrent d’Intel, s’est séparé de ses usines de production de puces, les fameuses fonderies. La plupart des fournisseurs de semi-conducteur comme Nvidia ou Qualcomm sont fabless et sous-traitent la fabrication de puces à des sociétés comme TSMC, Pegatron, Wistron, Samsung, UMC ou GlobalFoundries. Cette dernière est aujourd’hui la propriété de Mubadala Investment Co, un fonds souverain du gouvernement d’Abu Dhabi basée aux Etats-Unis.
La question épineuse du lien avec AMD
Les discussions avec Intel risquent néanmoins d’être compliquées en raison de la relation spéciale de Global Foundries avec AMD. En effet, celui-ci reste un des plus gros clients du producteur de semi-conducteurs. Il a récemment signé un contrat de 1,6 milliard de dollars pour sécuriser la production de certains composants. Un rachat par Intel pourrait impacter ce contrat et pousser AMD à se tourner vers d’autres producteurs.
En cas de réussite des négociations, Intel mettrait la main sur plusieurs unités de production notamment aux Etats-Unis, mais aussi en Europe (Allemagne) et en Asie (Singapour). Une récente étude de Counterpoints Research montre que GlobalFoundries affiche une part de marché de 7% sur le secteur des semi-conducteurs. TSMC domine le secteur avec 28% de part de marché. Cette opération intervient dans un contexte de pénurie de composants et Pat Gelsinger, CEO d’Intel depuis février dernier, veut aller vite pour augmenter la production de puces. En mars dernier, il s’est engagé à investir plus de 20 Md$ pour créer des usines de production aux Etats-Unis et en Europe.
Un rapprochement utile mais suspendu aux autorisations réglementaires
Pour les analystes, un tel rapprochement aurait du sens pour les deux parties. Pour les propriétaires de Global Foundries, ils recevraient un gros chèque et éviteraient les aléas d’une introduction en bourse (qui reste toujours une option). Pour Intel, le bénéfice immédiat serait une capacité supplémentaire de production de puces. Mais il pourrait y avoir des avantages à plus long terme comme orienter GlobalFoundries vers la production de silicium pour les besoins professionnels. On se souvient qu’IBM lui avait cédé en 2014 son activité de fabrication de puces en échange de continuer à travailler sur les puces Power. En 2018, GlobalFoundries a jeté l’éponge et aujourd’hui IBM lui réclame 2,5 Md$ pour non-respect du contrat.
Reste que les analystes sont dubitatifs sur les approbations des autorités de la concurrence à une telle opération. Mais l’industrie des semi-conducteurs a connu une vague de consolidation en 2020 avec par exemple l’acquisition par Analog Devices de Maxim Integrated Products pour un montant de 21 milliards de dollars. On peut également évoquer l’intention de Nvidia de s’emparer d’ARM (qui ne fabrique pas mais élabore le design des puces) pour 40 Mds de dollars.