Après l’application Infinit.io reposant sur une technologie peer-to-peer pour envoyer des fichiers très volumineux (plusieurs gigaoctets), la start-up Infinit co-fondée en 2012 par Julien Quintard (CEO) et Baptiste Fradin (COO) s’attaque au marché du stockage entreprise avec Infinit.sh. Cette solution distribuée repose sur une plate-forme virtualisée qui vient agréger le stockage local et externe d’une entreprise pour créer des volumes uniques et dédiés pour les utilisateurs. « Nous avons travaillé sur cette solution de stockage distribuée et sécurisée à l’université de Cambridge et nous nous sommes servis des premières briques pour proposer notre service de transfert direct sans passer par un serveur », nous a expliqué Baptiste Fradin lors d’un entretien en février dernier. « Après avoir lancé Infinit.io, nous avons continué à travailler en tâche de fond sur cette solution de stockage agrégée et distribuée destinée aux PME et aux grands comptes ».
Les briques AWS S3 mais aussi OpenStack Swift peuvent être agrégées avec des volumes locaux par la solution Infinit.sh.
Après une phase de découverte des ressources de stockage disponibles - serveurs ou NAS sur plusieurs sites et même cloud (AWS S3, OVH ou Google Cloud Storage) -, il est possible d’agréger et centraliser les volumes en créant sur un réseau des instances Infinit.sh reposant sur le système de fichiers de la start-up française. Les données sont découpées en blocs et réparties sur le réseau. « On a refait notre propre système de fichiers dans un mode distribué avec des commandes line tools », nous a précisé le COO. Les instances Infinit.sh apparaissent comme des volumes sur le réseau pour les applications et les utilisateurs qui doivent toutefois utiliser un client sur leur poste de travail. « Nous fournissons des outils pour l’administration et définir la topologie réseau. Pour la partie back-up, le facteur de réplication peut être de 3, 5, 8 ou 50, de ce point de vue le système est tolérant. Infinit propose la déduplication avec l’erasure coding pour optimiser les temps de restauration. Si un noeud tombe, les fichiers restent accessibles même pendant le changement de matériel. « Il n’y a pas de base de données, tout est décentralisé, il n’y a pas de nœud principal. Il y a tout de même un concept de hub pour faciliter les accès avec un concentrateur Red Hat ».
A partir de 9$ par mois et par utilisateur
Coté sécurité, le chiffrement des blocs est assuré de bout en bout, au repos et en transit. Il est également possible de géolocaliser certaines données si besoin en choisissant un hébergeur français par exemple. « On peut travailler avec S3 mais on parle aussi avec d’autres acteurs comme OVH ou Outscale qui sont compatibles avec l’API S3 ». Et pour accélérer la réponse à certaines demandes, Infinit.sh peut utiliser de la cache - sur des SDD par exemple - pour stocker les blocs les plus récemment demandés par un utilisateur. « On se positionne face à des acteurs comme NetApp mais avec une approche agnostique du matériel. Et par rapport à du cloud, nous poussons notre système de fichiers pour stocker des fichiers sans aucune limite en mode hybride. […] Nous avons commencé à agréger des systèmes multisites - un peu partout dans le monde - et les applications ont l’impression de taper en local et pas dans un système centralisé. Un gros travail a été fait pour optimiser la latence. Notre technologie de système de fichier change tout ».
Pour les tarifs, Infinit propose une version gratuite et parfaitement fonctionnelle jusqu’à trente utilisateurs. Un outil de découverte en fait. Au dessus de ce nombre, la start-up facture 9$ par mois et par utilisateur. Un pricing couplé est en cours de montage avec AWS S3. Dernière information, et non des moindres, Infinit compte progressivement publié en open source certains morceaux de sa solution. Désormais installé à New York, pour être plus proches des investisseurs et des partenaires potentiels, Infinit a gardé un pied à Paris avec une équipe de codeurs. La start-up a levé, à ce jour, 2,24 millions de dollars pour assurer son développement.