L’heure est à la communication de crise après l’incendie qui a dévasté le datacenter d’OVH à Strasbourg. Premier à monter au front, le fondateur Octave Klaba qui comme à son habitude s’est servi de Twitter pour s'exprimer. Il l’a fait à travers une vidéo où il renouvelle en préambule ses excuses auprès des clients impactés par l’incident. Puis le dirigeant revient sur la chronologie des faits. L’incendie a été détecté à 0h47 mercredi matin, le personnel de sécurité présent sur site a rapidement constaté beaucoup de fumées noires dans le datacenter SBG 2. Devant les risques, ils ont appelé les pompiers et ont évacué la tour. Octave Klaba précise que ce datacenter date de 2011 et a été construit avec un système d’auto-ventilation. Les autres datacenters du site ont été bâtis après sur un autre format, rapporte-t-il.
Soupçon sur un onduleur en maintenance
Alors comment le feu a pu se déclarer ? Octave Klaba reste prudent, « c’est encore très flou » tout en s’interrogeant « sur la vitesse de propagation de l’incendie ». Lors de leur intervention, les pompiers ont vu à travers des caméras thermiques deux onduleurs en flamme, le dirigeant souligne qu’un de ces onduleurs (UPS7) avait fait l’objet d’une maintenance dans la matinée avec « beaucoup de changements de pièces » et une remise en route dans l’après-midi où « tout semblait bien fonctionner ». L’enquête devra déterminer les causes exactes de l’incendie avec l’analyse des vidéos tournées par les caméras (300) présentes dans les datacenters de Strasbourg.
Elle devra répondre à d'autres questions. Pourquoi la propagation a été aussi rapide ? Est-ce que les détecteurs ont bien fonctionné ? Quelles étaient les systèmes anti-incendies disponibles dans ce datacenter ? Pour rappel, il existe plusieurs technologies pour éteindre un incendie dans un datacenter: des têtes de brouillard d'eau (elles brumisent de l'eau à haute pression qui s'évapore et évite d'impacter les serveurs), des systèmes à gaz inerte (ils éteignent le feu en réduisant la teneur en oxygène), des gicleurs d'eau ou sprinkler (la solution la plus impactante pour les serveurs). Selon nos confrères du JDN, les datacenters de Strasbourg n'étaient pas dotés de solutions d'extinction comme dans d'autres centres de l'opérateur. Le modèle low cost d'OVH est déjà pointé du doigt par rapport à d'autres hébergeurs qui investissent dans des systèmes anti-incendies et des certifications plus exigeantes.
Entre 12 et 15 000 entreprises encore affectées
Reste que l’incident a eu un impact direct sur des milliers de sites d’entreprises, d’associations, de collectivités territoriales et de plateformes gouvernementales. Michel Paulin, directeur général d’OVH Cloud, a estimé chez nos confrères de BFM Business qu’aujourd’hui « entre 12 000 et 15 000 entreprises sont partiellement ou totalement affectées ». Au moment de l’incident, le chiffre de 3,6 millions de sites web a été avancé en sa basant sur l’analyse de la société américaine Netcraft. La question pour la majorité des responsables des sites est de pouvoir les relancer et surtout si les sauvegardes sont récupérables. Michel Paulin se veut rassurant en expliquant que deux bâtiments sont intacts, mais non alimentés en électricité et par le réseau. Toutes les données ne sont donc pas nécessairement perdues, mais le dirigeant ne veut pas s'engager « aujourd'hui sur cette notion de données car ça dépend si les entreprises ont mis des systèmes de back-up, ce qu'on appelle des plans de reprise d'activité, elles-mêmes ou chez nous ». Une position pour anticiper les demandes de réparation éventuelles des clients.
OVH va réaliser un inventaire des clients et de leur backup a assuré Octave Klaba. « Il y aura une communication auprès de chaque client dans les 48 h », glisse-t-il dans sa vidéo. Le groupe a en tout cas mobilisé ses autres ressources (10 000 serveurs d’ici la semaine prochaine) de datacenter à Roubaix et à Croix pour que les clients puissent mettre en place leur PRA. Le fondateur promet aussi la relance partielle des datacenters à partir du début de la semaine prochaine.