Depuis hier, IBM vend en direct sur le web une nouvelle famille de serveurs Power Systems tournant sous Linux. Les serveurs Power Systems LC sont destinés aux entreprises qui déploient des environnements de clusters ou des environnements cloud à grande échelle, pour faire tourner notamment Hadoop, Spark et d’autres charges de travail impliquant de gros volumes de données.
IBM vend déjà des serveurs Power Systems sous Linux, mais ces derniers boîtiers sont différents. De plus, comme l’a déclarée Stéphanie Chiras directrice et responsable de branche pour les systèmes Power Scale-out, ils permettent à IBM d'étendre sa plate-forme Power à de nouveaux marchés. « En premier lieu, ces serveurs sont construits avec des composants standards de l'industrie, y compris des modules de mémoire DIMM, afin de maintenir des prix bas, et contrairement aux autres systèmes Power, le client n’a pas automatiquement besoin de faire intervenir IBM en cas de problème. La garantie est donc moins chère puisque les clients peuvent commander eux-mêmes leurs pièces de rechange ». En résumé, IBM s’est inspiré du marché des serveurs x86 pour proposer des serveurs qui peuvent concurrencer des systèmes basés sur Intel, comme ceux vendus par Hewlett-Packard et Lenovo.
Des configurations prêtes à l’emploi
Cette gamme est donc différente de la gamme Power Systems développée jusqu’ici par IBM, plus onéreuse, mais avec des niveaux de fiabilité plus élevés et un support plus conséquent. Enfin le processus de vente de la gamme LC, est également différent. Pour les systèmes Power précédents, les clients devaient obligatoirement passer par les équipes de vente d'IBM ou par un partenaire. Dans le cas de la nouvelle gamme, Big Blue propose des configurations prêtes à l’emploi, avec quelques options, que les clients peuvent acheter sur le Web avec une carte de crédit. « Nous voulons montrer à ceux qui ont l’habitude de faire tourner des serveurs x86 qu'il y a une alternative », a déclaré Stéphanie Chiras.
L’an dernier, Big Blue avait déjà commencé à élargir le marché de ses systèmes Power en autorisant des tiers à construire des serveurs Power. Pour cela, IBM s’est appuyé sur des partenaires comme Nvidia, Mellanox et Canonical, dont le système d'exploitation Ubuntu est proposé en option avec les nouveaux serveurs, mais aussi sur Red Hat et SuSE. « Ce changement de stratégie était nécessaire, car, comme le marché Unix, celui des systèmes Power a globalement baissé et il était temps de prendre un virage audacieux », a déclaré Stéphanie Chiras. En vendant ces boîtes Linux pour les déploiements à grande échelle, IBM laboure clairement sur les terres d’Intel. Les nouveaux serveurs ciblent les entreprises, les fournisseurs de services gérés et les clients HPC, et Big Blue espère qu’à un moment ou à un autre, ils achèteront des dizaines, voire des centaines de serveurs Power Systems LC, même s’ils achèteront probablement un ou deux systèmes pour commencer.
Des processeurs taillés pour l’analyse des big data
Néanmoins, IBM ne vise pas la totalité du marché Linux : le constructeur a plutôt choisi de se positionner sur un terrain où il pense pouvoir se différencier. Les processeurs Power sont bien adaptés à l’analyse des données big data : ils sont capables de supporter un débit mémoire élevé et un nombre élevé de threads processeurs par cœur. IBM propose trois nouveaux systèmes : le S812LC est un système mono-socket, 2U, qui supporte jusqu’à 10 cœurs de processeurs, 1 To de mémoire, un débit mémoire de 115 Go/s, et jusqu'à 14 disques durs, pour un tarif de départ sous la barre des 7000 dollars HT. Comparativement, un système pleine charge serait beaucoup plus cher. IBM propose aussi deux systèmes bi-sockets : le S822LC, destiné à des charges de travail commerciales et HPC, supporte jusqu'à 20 cœurs et 230 Go/s de débit mémoire ; et le S822LC destiné spécifiquement aux clients HPC. Ce dernier modèle intègre deux accélérateurs GPU Tesla K80 de Nvidia (voir ici tous les tarifs et toutes les spécifications).
Alors qu’IBM a vendu sa propre unité de serveurs x86 à Lenovo, le constructeur peut critiquer à souhait cette architecture. Selon Big Blue, par rapport à un système équivalent basé sur un processeur Intel Xeon E5, le S812LC est capable de supporter une charge de travail Spark quasiment deux fois plus lourde. Mais, ces résultats basés sur des tests réalisés en interne par IBM demandent à être vérifiés.
Par ailleurs, pour faire tourner leurs applications Linux x86 sur les systèmes Power, les clients devront passer par l’étape du portage, une tâche plus facile aujourd’hui dans la mesure où les processeurs prennent en charge Little Endian Linux comme l’x86. Il faudra encore les affiner pour qu’ils tirent le meilleur parti du multithreading, mais cet investissement peut s’avérer utile pour certaines charges de travail. Au minimum, IBM bouscule le marché des serveurs Linux et apporte aux clients quelques arguments pour négocier avec leurs fournisseurs x86.