Nouvelles tendances, même organisation, temps maussade. Ainsi en a-t-il été de l'édition 2012 de l'IBM Technology Day, qui s'est tenu le 12 juin dernier au Lausanne-Palace, et qui constituait une première pour le responsable d'IBM Suisse romande Pascal Allot. Comme de coutume, la multinationale avait concocté une journée de conférences et d'ateliers dédiés aux technologies en vogue aujourd'hui et demain et à leurs usages dans l'entreprise. De la conférence inaugurale du CEO de LeShop Christian Wanner à la présentation en clôture des tendances identifiées par les laboratoires d'IBM, il a beaucoup été question de données tout au long de la manifestation. Des données toujours plus nombreuses et à l'exactitude toujours plus incertaine.
Sortir du paradigme des indicateurs usuels
Premier intervenant extérieur, Christian Wanner, CEO fondateur de LeShop, a expliqué au public réuni par IBM comment l'épicerie en ligne « transforme un cimetière de données en quelque chose d'utile ». Le spécialiste de l'e-commerce dispose en effet d'un énorme vivier de données: les informations collectées sur les tickets de caisse de ses 310 000 clients (produits, moment et terminal utilisés, séquence d'achat, etc.) alimentent un gigantesque cube avec pas moins de 1027 combinaisons possibles... Une mine d'or pour les différents départements de LeShop, qui a cependant ses limites, a expliqué Christian Wanner: «Lorsque l'analyse devient routinière et ne sort pas du paradigme existant, les nouvelles données finissent par ne plus apporter de valeur». Ainsi, pour se ménager des découvertes intéressantes et utiles, l'épicerie en ligne a développé de nouveaux modules. L'utilisation de publics tests permet notamment de déterminer entre deux newsletters promotionnelles, laquelle est la plus efficace. L'analyse des données de navigation dans le magasin en ligne sert quant à elle à améliorer la catégorisation de l'assortiment en tenant compte de différences culturelles entre romands et alémaniques. Autre exemple, LeShop revisite actuellement sa manière de regrouper les clients afin d'établir des clusters plus pertinents. De nouveaux indicateurs, qui viennent bousculer les croyances établies et sont parfois perçus comme des menaces, ajoute le CEO.
Après un riche programme de sessions tout au long de la journée, la manifestation d'IBM s'est terminée par l'intervention Moshé Rappoport, Executive Briefer au laboratoire de recherche IBM de Rüschlikon (ZH), venu présenter le Global Technology Outlook 2012. En guise de préambule, le chercheur s'est plu à retracer l'évolution de ce rapport annuel, au fil des ans et de l'histoire d'IBM. D'abord focalisé sur les technologies en tant que telles à l'époque où la multinationale centenaire jouissait d'une position quasi-monopolistique, le rapport a ensuite été puiser ses idées du côté des entreprises. Les applications concrètes devenant déterminantes pour juger de l'importance future de telle ou telle technologie. Et Moshé Rappoport d'expliquer que nous sommes entrés dans une troisième phase, le screening des chercheurs commençant désormais par l'analyse de besoins plus généraux au niveau de la société dans son ensemble. «Le monde est notre laboratoire» a notamment déclaré le chercheur.
Six technologies pour l'informatique de demain
Quelles sont donc ces tendances technologiques majeures sélectionnées par les chercheurs des laboratoires d'IBM du monde entier?
1. Gestion à large échelle de données incertaines
Selon les chercheurs d'IBM, 80% des données disponibles en 2015 seront incertaines, c'est-à -dire que leur véracité sera douteuse et qu'elles ne seront guère protégées. En cause, la part croissante de données non-structurées provenant notamment des senseurs et des réseaux sociaux. Moshé Rappoport a donné pour exemples, les temps de trajet soumis à des facteurs imprévisibles, l'utilisation de moyennes ambigües ou la géolocalisation tributaire de la réception des satellites.
2. Systèmes de personnes
La caractérisation informatique des personnes est lacunaire et se base sur des contenus donnés par les personnes elles-mêmes : profil, compétences, etc. Le traitement de ces informations subjectives doit s'enrichir et s'améliorer afin notamment de développer des systèmes IT de gestion et de déploiement des collaborateurs.
3. Valorisation basée sur le résultat
Selon les chercheurs d'IBM, la mesure de l'apport de l'IT focalisée sur les économies qu'elle permet de réaliser arrive à son terme. Les bénéfices de l'informatique pour l'entreprise seront désormais davantage basés sur des indicateurs et résultats concrets, tels que le time-to-market des produits ou le taux de rotation du personnel (churn).
4. Résilience du business et des services
Ici aussi, l'informatique va lever la tête du guidon et s'intéresser à la résilience des services business qui s'appuient sur l'IT plutôt que seulement sur celle des systèmes eux-mêmes. La prise en compte de facteurs externes (légaux, environnementaux, sociétaux, etc.) est ainsi appelée à jouer un rôle croissant.
5. Analyse de données du futur
En matière d'analyse de données à nouveau, les chercheurs d'IBM voient cette activité s'étendre en amont et en aval du processus : de la collecte des données au déploiement des insights, en passant par la validation, l'analyse et le packaging. De telles capacités devraient par exemple permettre la distribution ciblée de publicités en temps réel.
6. Le Watson du futur
IBM voit enfin l'utilisation de son ordinateur apprenant Watson s'étendre à de nouveaux champs. Son aptitude à scanner diverses options, à évaluer leur probabilité statistique et à proposer la plus vraisemblable pourrait notamment être appliquée aux diagnostics médicaux, que ce soit comme assistance aux médecins ou pour des zones géographiques dépourvues de personnel médical.