Aux manettes du site web de Roland-Garros depuis 17 ans et partenaire de la Fédération Française de Tennis depuis 1985, IBM vient d'activer pour l'édition 2012 l'application SlamTracker, déjà testée sur d'autres rendez-vous du Grand Chelem. Parmi les différentes statistiques affichées en direct, l'outil « Clés du match » propose un éclairage original. Il compare les performances des joueurs à un profil qu'IBM a affiné sur chacun d'eux en étudiant les caractéristiques de leur jeu lorsqu'ils gagnent. Pour élaborer ces profils, sept années de Grand Chelem ont été passées au tamis du logiciel d'analyse prédictive de SPSS (spécialiste du datamining racheté par IBM en 2009), soit environ 39 millions de points.

Avant chaque rencontre, l'outil analyse l'historique des matchs joués entre les adversaires qui vont s'affronter sur les courts de la Porte d'Auteuil. Il prend aussi en compte les statistiques d'autres tennismen au style de jeu comparable et détermine ainsi trois critères (ou clés) que chaque joueur devra remplir pendant l'affrontement pour prendre l'avantage. Ce dimanche 27 mai, par exemple, sur le court Philippe Chatrier, l'une des clés du match du Russe Andrey Kuznetsov, face à Jo-Wilfried Tsonga, était sa capacité à remporter plus de 51% d'échanges de 2 coups ou moins. Mais après avoir gagné le premier set, puis perdu le deuxième (capture d'écran ci-dessus), on a pu constater pendant le troisième set (ci-dessous) qu'il n'avait encore rempli aucun de ses trois critères, alors que son adversaire français avait déjà atteint ses trois clés (l'une d'elles spécifiant qu'il remportait plus de 65% de points derrière le premier service). Jo-Wilfried Tsonga l'a finalement emporté (1-6, 6-3, 6-2, 6-4).


(Agrandir l'image)

Utilisé pour anticiper les risques de blessures

C'est le 4e tournoi sur lequel IBM propose cet outil. « Les Clés du match sont parfaitement rodées maintenant », a indiqué la semaine dernière, Claire Herrenschmidt, responsable des partenariats sportifs, marketing et communications, chez IBM France. « On pourra suivre de façon plus intime et avec beaucoup d'émotion ce qui se passe dans l'enceinte de Roland Garros », a-t-elle souligné en rappelant que les données du tournoi étaient exploitées depuis 2011 dans une infrastructure de cloud privé d'IBM.  Ce dernier est répartis en trois lieux différents pour s'adapter à la fréquentation fluctuante du site. Du 22 mai au 10 juin, les visites vont être multipliées par 100 par rapport au reste de l'année (37 millions de visites en 2011, 31 millions en 2010).

« Les technologies d'analyse prédictive ont été mises en oeuvre pour d'autres applications dans le domaine sportif », a précisé Didier Barbé, vice-président Marketing et communications d'IBM, en citant en exemple l'équipe de Rugby anglaise les Tigres de Leicester. L'objectif est ici de prédire, à partir de données objectives et subjectives (fatigue, intensité du jeu...), quels joueurs risquent d'être blessés afin d'en tenir compte à l'entraînement et de ne pas les engager sur le terrain si un facteur de risque est trop grand. Ce qui permet au club de tenter de prévenir de très coûteuses défections.

Analyse de sentiments avec Consumer Insight de Cognos

Sur Roland Garros 2012, IBM et la FFT vont également prendre le pouls des fans sur les réseaux sociaux. L'index Social Sentiment va analyser les commentaires circulant sur les différents médias (Twitter, Facebook, mais aussi les blogs et forums de discussion) ce qui permettra aussi de mieux comprendre les attentes.  Il est prévu d'aborder différentes thématiques : l'actualité du tournoi parisien, les joueurs et les matchs,  mais aussi l'accueil fait au grand public, les opinions sur le site Internet officiel, ou encore, les applications mobiles proposées. « Le tournoi est l'un des moments où nous allons faire le plus d'études », explique Edouard-Vincent Caloni, directeur Marketing et communication de la FFT. « Nous sommes à six mois de la clôture de tous les choix structurants du nouveau stade », rappelle-t-il en notant qu'il faut respecter les us et coutumes de la communauté (1 million de personnes) qui anime l'événement.

L'outil mis en place pour gérer cet index repose sur le logiciel Consumer Insight de Cognos (racheté par IBM en 2007). « Il est capable de balayer 1,5 million de sources Internet pour faire de l'écoute de sentiments, percevoir des données qualitatives et quantitatives », a expliqué Claire Herrenschmidt, d'IBM. Pendant le tournoi de tennis parisien, les visiteurs pourront consulter chaque jour l'index Social Sentiment d'IBM dans le Roland-Garros Lab et découvrir, par exemple, « quel joueur a été le plus buzzé ». Une solution d'analyse des réseaux sociaux à mettre au service des marques, qu'IBM a déjà proposée dans le cadre du Super Bowl (football américain), mais qui apporte aussi des données pour agir en situation de crise, par exemple dans le secteur de l'agro-alimentaire.

« Dans la partie web communautaire, nous sommes partis il y a deux ans et demi, mais nous avons rattrapé notre retard », pointe Edouard-Vincent Caloni en soulignant que « le mur des 500 000 fans » serait franchi pendant le tournoi. « Ce n'est pas parce que vous créez une page Facebook que les gens viennent à vous. Nous l'avons fait avec du contenu ».